Ispahan (ou Isfahan), ancienne capitale de l’Iran et l’une des plus belles villes du pays, est un véritable trésor architectural et culturel. Située au cœur de l’Iran, à environ 400 kilomètres au sud de Téhéran, Ispahan est connue pour sa richesse historique, ses monuments majestueux et sa beauté sans égale. Au fil des siècles, la ville a été un centre important de la civilisation perse, et elle continue de captiver les visiteurs avec son mélange unique d’architecture islamique, de jardins luxuriants et de traditions artisanales.
La place royale, Ispahan
Ispahan a été la capitale de l’Iran sous le règne de la dynastie safavide, du début du XVIe au début du XVIIIe siècle, sous le souverain Shah Abbas Ier. Pendant cette période, la ville a connu une période de prospérité et d’essor culturel, devenant l’un des plus grands centres politiques, commerciaux et artistiques de la région. La place Naqsh-e Jahan (ou place du Shah), aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est le cœur historique de la ville et témoigne de la grandeur de cette époque. En tant que carrefour entre l’Orient et l’Occident, Ispahan a attiré des marchands, des poètes, des architectes et des artisans du monde entier.
Histore d’Ispahan
Ispahan, une ville au riche passé historique, fut la capitale de l’Iran sous la dynastie safavide à partir du début du XVIe siècle, notamment sous le règne de Shah Abbas Ier. Durant cette période, elle devint un centre politique, culturel et commercial majeur, attirant artistes, architectes et marchands du monde entier. La ville connut une prospérité sans égale, avec la construction de monuments emblématiques comme la place Naqsh-e Jahan, la mosquée du Shah et le palais d’Alighapoo. Ispahan fut également un carrefour entre l’Orient et l’Occident, où se croisaient influences et échanges. Après la chute des Safavides au début du XVIIIe siècle, la ville perdit de son importance politique, mais conserva son rôle de centre culturel et artistique. Aujourd’hui, Ispahan demeure l’une des villes les plus emblématiques de l’Iran, offrant un témoignage vivant de la grandeur de son passé.
Shah Abbas le grand
A voir, à faire à Ispahan
De nombreux monuments historiques figurent sur la liste des incontournables d’Ispahan : le bazar, la mosquée du vendredi, la place de l’Imam et les monuments qui la bordent, la madrassa Chahar Bagh et le palais de Chehel Sotoun, qui reçut des ambassadeurs européens au XVIIe siècle.
1La Place Royale
La Place Royale de Ispahan, aujourd’hui connue sous le nom de Naqsh-e Jahan, est un chef-d’œuvre de l’urbanisme safavide, un symbole de l’intégration entre architecture, culture, spiritualité et pouvoir politique. Conçue sous le règne de Shâh Abbas Ier au début du XVIIe siècle, cette place est l’une des plus grandes et des plus impressionnantes au monde, non seulement par ses dimensions mais aussi par la signification profonde qu’elle porte.
La place était conçue pour être un espace polyvalent, où se mêlaient la vie sociale, les manifestations religieuses, et les démonstrations de pouvoir. L’organisation de l’espace, avec ses quatre côtés bordés de bâtiments emblématiques – la mosquée de l’Imam, la mosquée Sheikh Lotfollah, le palais Ali Qapu et le portail du bazar – est un exemple typique de l’harmonie de l’architecture islamique, où chaque élément a un sens symbolique, de la divinité à la royauté.
Le jeu de polo, pratiqué sur cette place, est particulièrement significatif. Il n’était pas seulement une distraction royale mais aussi un reflet de la guerre et de l’ordre cosmique, un théâtre d’affrontements et de victoires. Et bien sûr, la place elle-même, avec ses dimensions imposantes, était un lieu de rassemblement, servant à la fois de centre économique, militaire et spirituel, illustrant parfaitement l’idée de la fusion entre le temps terrestre et céleste.
Aujourd’hui encore, la place continue d’être un lieu de contemplation et de découverte, non seulement pour son aspect architectural mais aussi pour la manière dont elle incarne la grandeur de la civilisation perse. C’est fascinant de penser à la façon dont cette place a façonné et représenté le monde sous Shâh Abbas !
En savoir plus : La place royale
2La mosquée d’Imam
La mosquée de l’Imam d’Isfahan, anciennement connue sous le nom de mosquée du Shah, est située à l’extrémité sud de la place de l’Imam. La construction de cette mosquée, ordonnée par Abbas Ier, s’est déroulée entre 1612 et 1627. Contrairement à la mosquée Sheikh Lotfollah, la mosquée du Shah est construite selon le plan iranien, avec quatre Iwans entourant une cour centrale. Le portail de la mosquée est un Pishtak, c’est-à-dire un grand rectangle en maçonnerie entourant une niche peu profonde dominée par un arc persan. Il est flanqué de deux tours sous forme de minarets. Deux tours similaires aux précédentes encadrent l’Iwan principal de la cour, qui mène à la salle de prière surmontée d’un grand dôme. Depuis la cour, il est également possible d’accéder à chacune des deux madrasas situées de part et d’autre de la cour centrale. Le portail d’entrée est aligné sur l’axe de la place, mais l’orientation de la salle de prière vers la Mecque entraîne un décalage de la perspective entre le portail d’entrée d’une part, et d’autre part, le bâtiment de la salle de prière et le reste de la structure.
L’entrée principale de cette mosquée se trouve sur le côté sud de la place. Il existe d’autres entrées dans les quartiers environnants du bâtiment, permettant un accès plus rapide et plus facile pour les habitants du quartier. Derrière l’entrée commence un corridor qui mène les visiteurs vers la cour intérieure. Ce corridor fait un angle de 45 degrés, afin d’aligner la mosquée avec la Mecque tout en préservant l’intégrité de la place.
La hauteur du gigantesque dôme de la mosquée de l’Imam est de 52 mètres, celle des minarets de l’Iwan sud est de 48 mètres, et la hauteur des minarets à l’entrée de la place Naghsh-e Jahan est de 42 mètres.
La mosquée d’Imam, Ispahan, Iran
La Mosquée du Cheikh Lotfollah
La Mosquée du Cheikh Lotfollah est située du côté est de la place Royale (Naqsh-e Jahan). Cet édifice religieux était la mosquée privée du Shah Abbas Ier, le roi safavide. C’est la raison pour laquelle elle ne possède ni cour intérieure, ni minaret. L’extérieur de la mosquée, ainsi que les muqarnas de son portail, sont décorés avec un raffinement extrême, ornés de mosaïques aux couleurs bleue, jaune et turquoise. Par contraste, c’est la couleur « or » des faïences de la coupole qui domine.
À l’intérieur, la décoration des murs et du dôme est une association remarquable de motifs et de calligraphies bleu azur et or.
Sheikh Lotfollah était l’un des grands érudits de Jabal Amel, au Liban, qui, comme Sheikh Baha’i, a immigré en Iran à l’époque safavide. Sa fille a également épousé Shah Abbas. La mosquée Sheikh Lotfollah est non seulement devenue son lieu de culte et de résidence, mais il y a également enseigné la jurisprudence, célébré les réunions religieuses et dirigé les prières du vendredi.
La Mosquée du Cheikh Lotfollahm Ispahan, Iran
Le Pont aux 33 Arches (Si-o-se-pol)
Les ponts d’Ispahan, véritables lieux de promenade pour les habitants de la ville, ont toujours joué un rôle essentiel dans l’histoire d’Ispahan et restent aujourd’hui des monuments vivants, encore largement utilisés. Le pont Si-o-se-pol, également appelé « pont aux trente-trois arches« , a été construit en 1608 sur ordre d’Allahverdi Khan, premier ministre géorgien du Shah Abbas, pendant le règne de la dynastie safavide. Ce pont sert à la fois de passage et de régulation du flux de la rivière Zayandeh Rud.
Ce pont à arcades, d’une structure à double niveau, est composé d’une série d’arcades situées à la base et sur les côtés. Cette configuration unique permet aux passants de se promener sur les deux niveaux, en fonction du niveau de l’eau. Lors de crues, les arcs créent un effet de fontaine spectaculaire, renforçant ainsi l’attractivité de l’endroit comme site touristique.
Le Si-o-se-pol fait partie intégrante de l’avenue du Tchahâr Bâgh, un boulevard magnifique bordé de jardins luxuriants et de somptueux palais. L’avenue se termine sur la rive opposée de la rivière, où se trouvait le jardin royal d’été Hezâr-Jarib (le jardin des Mille Arpents), un jardin somptueux qui n’existe plus aujourd’hui. Le pont et l’avenue forment ensemble un ensemble architectural et paysager d’une grande beauté, symbole du raffinement de l’époque safavide.
Si-o-se-pol, Ispahan, Iran
Le pont Khaju
Construit vers 1650 sur les vestiges d’un ancien port, sous les ordres du roi safavide Shah Abbas II, le pont Khaju relie la rive nord de la rivière Zayandeh Rud au quartier Zoroastrien au sud. Ce pont multifonctionnel a été conçu non seulement pour servir de passerelle, mais aussi de barrage et de lieu de rassemblement public. Il mesure 133 mètres de long pour 12 mètres de large et est soutenu par 24 arches majestueuses. La structure est réalisée avec des blocs de pierre de plus de 2 mètres de long, associés à des briques. La voie principale, d’une largeur de 7,5 mètres, permet le passage de chevaux et de chariots, tandis que deux chemins voûtés de chaque côté sont réservés aux piétons.
Le pont Khaju n’est pas seulement un ouvrage d’ingénierie, mais aussi un véritable chef-d’œuvre architectural persan. Des pavillons octogonaux placés de part et d’autre du pont offrent un espace pour contempler les paysages environnants. Autrefois, il était orné de fresques peintes et de frises en faïence colorée, ajoutant encore à sa magnificence. Aujourd’hui, bien qu’il ait perdu une partie de ses décorations d’antan, il demeure un lieu de promenade prisé. En plus de son rôle historique, le pont abrite désormais un café, un salon de thé et une galerie d’art, offrant ainsi aux visiteurs une expérience culturelle et détente unique.
Le pont Khaju, Ispahan, Iran
L’Église Vank
Les Arméniens ont construit 25 églises à Jolfa, situé sur la rive sud de la rivière Zayandeh Rood, dont 13 ont survécu jusqu’à aujourd’hui. Parmi ces édifices, les églises de Bethléem (1628) et de Vank (1655) sont particulièrement ouvertes aux visiteurs.
L’une des principales attractions de la ville est la cathédrale de Vank, un véritable chef-d’œuvre de l’architecture. Sa construction a débuté à l’époque de Shah Abbas et elle est considérée comme un exemple exceptionnel de l’art et de l’architecture arméniens de cette époque. La cathédrale de Vank est célèbre pour ses fresques magnifiques qui ornent ses murs, ainsi que pour son musée, qui a ouvert ses portes en 1971.
À l’intérieur de l’église, les peintures et les tapis racontent des histoires tirées de la Bible et de la Torah. Ces œuvres ont été réalisées par des artistes arméniens pendant les époques safavide et qadjare. Elles témoignent de l’influence de ces deux dynasties sur l’art arménien et de la richesse culturelle de l’Arménie en Iran.
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L’Église Vank, Ispahan, Iran
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Palais Chehel Sotoun | Palais des Quarante Colonnes
Construit en 1647 sous Shah Abbas II, le Palais Chehel Sotoun servait à recevoir les ambassadeurs étrangers. Son architecture intègre les bâtiments du parc environnant et utilise l’eau comme élément de transition entre l’intérieur et l’extérieur. Au printemps, le palais est entouré de magnifiques floraisons, et le soir, l’éclairage crée de superbes occasions de photos.
À l’entrée, la terrasse avec son toit en bois décoré de motifs géométriques repose sur vingt colonnes en platane. Leur reflet dans l’eau multiplie leur nombre à quarante, un chiffre sacré. Les bases des colonnes sont parfois ornées de gueules de lions. Bien que les dégâts de la période Qadjar aient effacé certains ornements, le palais conserve sa splendeur.
À l’intérieur, les fresques safavides d’inspiration chinoise rappellent le prestige de la dynastie. Vous pourrez voir des scènes de la défaite héroïque des Perses sous Shah Ismaïl et de la victoire de Nadir Shah sur les Moghuls. Des fresques Qadjar contrastent par leur style plus naïf. L’exposition comprend aussi des tapis, des miniatures, des porcelaines persanes, des Corans anciens, ainsi qu’un vitrail de 1453. Derrière le palais, découvrez le portail émaillé de la mosquée Qotbiyeh (1543).
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Palais des quarante colonnes, Ispahan
Mosquée Jame d’Ispahan
Située dans le centre historique d’Ispahan, la Masjed-e Jāme‘ (Mosquée du vendredi) est un exemple majeur de l’évolution architecturale des mosquées sur douze siècles, depuis 841 apr. J.-C. Elle est le plus ancien édifice de ce type en Iran et a influencé la construction de mosquées en Asie centrale. S’étendant sur 20 000 m², elle est le premier bâtiment islamique à avoir adapté la configuration des palais sassanides avec une cour à quatre iwans. Ses coupoles côtelées à double coque sont une innovation qui a marqué l’architecture islamique.
Cette mosquée illustre les styles architecturaux et décoratifs des époques abbasside, seldjoukide, timouride et safavide. Agrandie par les Seldjoukides, elle est devenue le prototype d’un style distinctif d’architecture islamique. Les coupoles Nezam al-Molk et les quatre iwans sont des éléments représentatifs de cette évolution.
La mosquée a été restaurée après l’attaque aérienne de 1984, avec des matériaux traditionnels et dans le respect des techniques artisanales. Aujourd’hui, elle continue de remplir sa fonction religieuse, tout en étant un élément important du bazar historique d’Ispahan, accessible directement depuis celui-ci. La préservation de son caractère authentique reste essentielle, tant pour son usage religieux que pour son rôle dans le tissu urbain de la ville.
salle de Mosquée Jame, Ispahan
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Le palais Ali Qapu
Le palais Ali Qapu, situé sur la place Naqsh-e Jahan à Ispahan, est un chef-d’œuvre de l’architecture safavide, construit au début du XVIIe siècle sous le règne de Shah Abbas Ier. Initialement conçu comme une résidence royale, il servait également de salle de réception pour les dignitaires et ambassadeurs. Ce palais de six étages, orné de fresques, de boiseries et de magnifiques plafonds peints, offre une vue imprenable sur la place et la mosquée du Sheikh Lotfollah. La terrasse supérieure du palais, avec ses colonnes et ses arcades, était un lieu privilégié pour le shah et sa cour pour observer les événements sur la place. L’architecture innovante d’Ali Qapu, notamment l’utilisation de vastes espaces et de techniques de construction uniques, en fait un symbole de la grandeur de l’Empire safavide.
Au-delà de sa richesse architecturale, Ispahan est un véritable centre dynamique de culture et d’artisanat. La ville est particulièrement renommée pour ses tapis persans, considérés comme les plus beaux du monde. Les ateliers de tissage d’Ispahan sont célèbres pour leurs techniques méticuleuses et leurs motifs complexes, créant des pièces de grande finesse.
Ispahan est également un lieu où l’artisanat traditionnel prospère. Les ateliers de céramique, de cuivre, ainsi que la fabrication de miniatures persanes, témoignent de l’excellence des artisans locaux. Les miniatures, en particulier, sont des œuvres d’art minutieuses qui illustrent des scènes de la vie quotidienne, des récits mythologiques ou des événements historiques, dans un style délicat et raffiné. Ces produits artisanaux, prisés des collectionneurs et amateurs d’art du monde entier, témoignent de la richesse culturelle et de l’héritage artistique unique de la ville.
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