Esfahan, Ispahan ou l’ancienne Apadana est la capitale de la province d’Esfahan. Esfahan Nesf-e Jahan est la description persane la plus célèbre de la ville d’Ispahan, ce qui signifie qu’Ispahan est la moitié du monde, inventée au XVIe siècle pour exprimer la grandeur de la ville. Ispahan, choisie et conçue comme capitale sous Shah Abbas Ier (1598), a été reconstituée avec tant de nouvelles mosquées, de beaux palais et de ponts, des chefs-d’œuvre de l’architecture du monde, des avenues et des parcs que même les voyageurs européens ont écrits avec enthousiasme sur ses beautés.

Imam square, IsfahanLa place royale, Ispahan

A voir, à faire à Ispahan

De nombreux monuments historiques figurent sur la liste des incontournables d’Ispahan : le bazar, la mosquée du vendredi, la place de l’Imam et les monuments qui la bordent, la madrassa Chahar Bagh et le palais de Chehel Sotoun, qui reçut des ambassadeurs européens au XVIIe siècle.

Shah Abbas SafavidShah Abbas le grand

la place royale

Autrefois appelée l’« image du Monde» (Naqsh-e Djahån), cette place est le cœur de l’urbanisme conçu par Shâh Abbas ler .Mesurant 510 m sur 163, elle était destinée au jeu de polo, aux défilés militaires, aux marchés et aux manifestations religieuses, notamment aux ta’ziyehs. A ses deux petites extrémités, deux bornes délimitent encore les buts utilisés dans le polo. Dans l’urbanisme musulman traditionnel, qui ignore les grandes places, elle est d’une nouveauté radicale ; elle devance aussi nombre de réalisations des villes européennes. Selon un agencement typique de l’architecture iranienne (un espace rectangulaire à ciel ouvert bordé de quatre iwans), ses quatre côtés sont bordés par quatre édifices : deux mosquées (la mosquée de L’imam et la mosquée Sheikh Lotfollåh), un palais (Ali Qåpu) et le portail d’entrée du bazar. Ressemblant å une immense salle couronnée par la coupole du ciel, la place constituait un miroir de l’univers par son ordonnance, ses édifices et ses activités : ses marchés exprimaient la vitalité économique du royaume, ses cortèges militaires extériorisaient la puissance royale, ses jeux étaient le reflet des affrontements cosmiques et impériaux, alors que les rituels religieux sacralisaient et le temps de la cité.

La mosquée d’Imam

La mosquée Imam d’Ispahan est l’un des chefs-d’œuvre éternels de l’architecture en Iran. Située sur la place Naqsh-e Jahan d’Ispahan, la mosquée Imam, d’une superficie d’environ 12 264 mètres carrés, est une énorme structure, contenant 18 millions de briques. Il utilise le nouveau style de haft rang (sept couleurs) de mosaïque de carreaux. Dans les mosquées iraniennes antérieures, les carreaux étaient en mosaïque de faïence, un processus lent et coûteux où de minuscules pièces sont découpées dans des carreaux monochromes et assemblées pour créer des motifs complexes.
Reflétant la lumière du soleil, son dôme est apparu comme une gemme turquoise scintillante et peut être vu à des kilomètres de distance par les voyageurs suivant la route de la soie à travers la Perse. Atteignant 53 mètres de hauteur, le dôme de  Masjed-e Imam deviendrait le plus haut de la ville lorsqu’il sera terminé en 1629. Il a été construit comme un dôme à double coque, avec 14 mètres s’étendant entre les deux couches, et reposant sur une chambre à dôme octogonale.

La Mosquée du Cheikh Lotfollah 

La Mosquée du Cheikh Lotfollah est située du côté Est de la place Royale (Naghsh-e Jahan) .Cet édifice religieux était la mosquée privée du Chah Abbas 1er.  C’est la raison pour laquelle elle ne possède ni cour intérieure, ni minaret. L’extérieur de la mosquée, ainsi que les muqarnas de son portail sont décorés avec un raffinement extrême, avec des mosaïques de couleurs bleue, jeune et turquoise. Par contraste, c’est la couleur « or » des faïences de la coupole qui domine.
A l’intérieur, la décoration des murs et du dôme est une association remarquable de motifs et de calligraphies bleu azur et or.
Sheikh Lotfollah était l’un des grands érudits de Jabal Amel, au Liban, qui, comme Sheikh Baha’i, a immigré en Iran à l’époque Safavide, et sa fille a également épousé Shah Abbas Safavid. La mosquée Sheikh Lotfollah est non seulement devenue son lieu de vie et de résidence, mais il a également enseigné la jurisprudence, a célébré les réunions religieuses et les prières du vendredi.

sheikh lotfollah mosque

Le pont de 33 arches (si-o se pol)

Les ponts d’Ispahan qui sont des lieux de promenade des habitants de la ville ont toujours joué un rôle très important dans l’histoire de cette ville et restent de nos jours un monument encore utilisé. Le pont Si-o-se pol ou pont « aux trente-trois arches », est construit en 1608, par ordre du premier ministre géorgien de Shah Abbas, Allahverdi Khan, durant le règne de la dynastie des Safavides. Ses fonctions sont de servir de lieu de passage et de réguler le cours de la rivière. C’est un pont en arc à double niveau, doté d’arcades dans la base et les côtés. Cette configuration permet de se promener sur les deux niveaux, en fonction de la hauteur de l’eau. Sous l’effet de l’eau, les emmanchements créent un effet de fontaine, ce qui fait de l’endroit un véritable site touristique.  Ce pont intègre l’avenue du Tchahâr Bâgh. Celle-ci est bordée de magnifiques jardins et de somptueux palais et prend fin sur la rive opposée de la rivière, dans le jardin royal d’été Hezâr-Jarib (jardin des Mille Arpents) qui n’existe plus aujourd’hui.

sio se pol

Le pont Khaju

Érigé vers 1650 sur les fondations d’un ancien port, par ordre du roi safavide Shah Abbas II, le pont Khaju relie la Rive-Nord et le quartier Zoroastrien au sud. Il a été construit pour servir de barrage, de bâtiment et de lieu de réunions publiques. Pourvu de 24 arches, ce pont a pour dimensions 133 x 12 m. Des blocs de pierre de plus de 2 m de long et des briques ont été utilisées pour la construction. La voie de passage possède une largeur de 7,5 m permettant aux chevaux et aux carrioles de passer. Pour les piétons, deux chemins voûtés sur les côtés leur ont été réservés. Pour profiter de la vue sur les environs, des pavillons octogonaux ont été placés des deux côtés du pont. Cet ouvrage est un des exemples de l’architecture persane. Il était beaucoup plus exceptionnel lorsqu’il était encore orné de fresques peintes et de frises en faïence colorée. Véritable lieu de sortie, un café, un salon de thé et une galerie d’art sont disponibles.

isfahan khaju bridge

L’église Vank

Les Arméniens ont construit 25 églises, dont 13 ont survécu à Jolfa, situé sur le côté sud de la rivière Zayande-e Rood. Parmi toutes ces églises, Bethléem (1628) et Vank (1655) sont ouvertes aux visiteurs.
L’une des attractions principale de la ville est la cathédrale de Vank. Cette cathédrale est un chef-d’œuvre de l’architecture dont la construction a commencé à l’époque de Shah Abbas. La cathédrale de Vank est connue pour ses collections uniques de belles fresques et un très beau musée qui est ouvert depuis 1971.

Les peintures à l’intérieur de bâtiment représentent des histoires de la sainte bible et de Tora. Ils ont été peints par des artistes arméniens à l’époque safavide et Qadjar.

Palais Chehel sotoun | Palais des quarante colonnes

Palais Chehel soutoun, construit en 1647 sous Shah Abbas II, servait également à la réception des ambassadeurs étrangers. L’architecture intègre les édifices du parc alentour (ormes, pins). En élément de liaison entre l’intérieur et l’extérieur : l’eau. Au printemps, les floraisons sont somptueuses. A la tombée de la nuit, l’éclairage de l’édifice offre aussi l’occasion de belles photos. Notez à l’entrée du palais, la terrasse et son beau toit en bois, décoré de motifs géométriques, soutenu par vingt colonnes en platane, dont le reflet dans l’eau démultiplie leur nombre jusqu’à 40, chiffre à caractère sacré. Au sol, les bases en pierre calcaire arborent pour certaines des gueules de lions. Malheureusement, les dégâts causés sous la dynastie Qadjar (1779-1925), symbole du déclin de l’Empire perse, ne permettent plus d’admirer les miroirs autrefois fixés aux colonnes.

A droite, une fois entré dans le palais, les peintures safavides, d’inspiration chinoise, rappellent le prestige de cette dynastie (1502-1722) dans l’histoire perse. La grande salle destinée à recevoir les dignitaires, compte plusieurs immenses fresques pour la plupart d’origines safavides et Qadjar. Remarquez la finesse des premières et l’aspect plus naïf et grossier des secondes. Deux d’entre elles illustrent paradoxalement la défaite héroïque essuyée par les Perses du shah Ismaïl (1524-1588) en infériorité numérique et militaire face aux Ouzbeks et aux janissaires Ottomans du sultan Suleyman. Attardez-vous également sur la représentation de Nadir Shah (1688-1747) victorieux de l’empire Moghol de Delhi entre 1736 et 1747. Plus loin, voir les scènes de somptueux banquets donnés par Shah Abbas Ier (1588-1629) et Shah Abbas II (1642-1666). Sans oublier les tapis des XVe, XVIe, et XVIIe siècles, les miniatures et porcelaines persanes, d’anciennes superbes exemplaires du Coran et des pièces de monnaie. Admirez également le beau vitrail de 1453, provenant du mausolée Darb-é Imam. Derrière le palais, voir le portail émaillé de la mosquée Qotbiyeh datant de 1543.

Chehel Sotoun Palace Palais des quarante colonnes, Ispahan

Mosquée Jame d’Ispahan

Située dans le centre historique d’Ispahan, Masjed-e Jāme’ ou la « Mosquée du vendredi » est considérée comme une illustration de l’évolution architecturale de la construction de mosquées couvrant douze siècles, à partir de 841 apr. J.-C. Il s’agit du plus ancien édifice préservé de ce type en Iran et d’un prototype qui servit ultérieurement pour la conception des mosquées à travers toute l’Asie centrale. Couvrant une superficie de 20 000 m2, elle est aussi le premier bâtiment islamique à avoir adapté la configuration des palais sassanides, avec une cour à quatre iwans, à l’architecture islamique religieuse. Ses coupoles côtelées à deux coques représentent une innovation architecturale qui a inspiré les bâtisseurs dans toute la région. Le site présente également de remarquables motifs décoratifs représentatifs des développements stylistiques pendant plus d’un millier d’années de l’art islamique.
Ce monument illustre une succession de styles de construction architecturale et de décoration datant de différentes périodes de l’architecture islamique iranienne et couvrant 12 siècles, essentiellement les époques abbasside, bouyide, seldjoukide, ilkhanide, muzaffaride, timouride et safavide. Après son agrandissement par les Seldjoukides et l’introduction caractéristique des quatre iwans (Chahar Ayvān) sur le pourtour de la cour ainsi que de deux coupoles exceptionnelles, la mosquée devint le prototype d’un style distinctif d’architecture islamique.
Le caractère de prototype est bien illustré dans les structures côtelées à double coque de la coupole Nezam al-Molk, la première utilisation de la typologie des quatre iwans (Chahar Ayvān) dans l’architecture islamique et le caractère typique de la Masjed-e Jāme’ en tant que compilation de styles architecturaux islamiques. La Masjed-e Jāme’ d’Ispahan est un exemple exceptionnel d’innovation en matière d’adaptation et de technologie architecturales appliquées au cours de la restauration et de l’agrandissement d’un ancien ensemble de mosquée durant l’ère seldjoukide, qui fut encore complété dans des périodes islamiques ultérieures grâce à l’ajout d’extensions et de décorations d’une grande qualité.
La plupart des éléments de la mosquée, en particulier les quatre iwans et les coupoles Malek al-Molk et Taj al-Molk, sont authentiques en ce qui concerne les matériaux, la conception et l’emplacement. Des travaux de restauration et de reconstruction, devenus nécessaires à la suite de l’attaque aérienne de 1984, ont été réalisés suivant des normes appropriées, en recourant au travail artisanal et aux matériaux traditionnels. Un des aspects les plus importants de l’authenticité réside dans la fonction de la Masjed-e Jāme’ d’Ispahan, à la fois en tant que mosquée, qui continue d’être fréquentée pour les prières, et comme élément du tissu du bazar historique d’Ispahan. Étant reliée au réseau de rues de la zone du bazar et accessible à partir de celui-ci, la mosquée possède un environnement significatif qui est très vulnérable à tout changement du caractère urbain. Afin de respecter l’authenticité de l’esprit du lieu, la fonction du musée de la Masjed-e Jāme’ doit rester proche de son utilisation religieuse, tant dans la conception des panneaux d’information que dans le nombre de visiteurs.

isfahan jame mosque