Tabriz, située dans la région de l’Azerbaïdjan iranien, est une ville à la croisée des chemins entre histoire, culture et architecture. Fondée à l’époque sassanide, elle a joué un rôle central tout au long des siècles, étant la capitale de plusieurs dynasties, dont les Qara Qoyunlu, Aq Qoyunlu, Safavides et Qâdjârs. Ancienne capitale de l’Iran, elle a vu naître des événements majeurs de l’histoire iranienne, notamment comme première capitale de l’Islam chiite. Grâce à sa position stratégique sur la Route de la Soie, Tabriz est devenue un carrefour de cultures et de religions, un aspect qui se reflète toujours dans son architecture et ses traditions vivantes.

Située à 310 km au sud-est de la frontière iranienne avec la Turquie, à 620 km de Téhéran et à une altitude de 1 340 mètres dans une vallée, la ville est entourée par la majestueuse crête du mont Sahand. Avec une population d’environ 1,5 million d’habitants, Tabriz est la quatrième ville la plus peuplée d’Iran et la plus grande ville pour les Turcs iraniens. La plupart des habitants parlent le turc azerbaïdjanais, mais il existe également une minorité arménienne qui parle la langue arménienne.

ville de tabriz

 

Aujourd’hui, Tabriz allie avec harmonie son héritage historique et son dynamisme moderne. En explorant ses monuments historiques, en flânant dans ses bazars animés et en découvrant sa cuisine savoureuse, vous serez plongé dans un voyage fascinant à travers les siècles. La ville, qui a plus de 3 000 ans d’histoire, vous invite à découvrir ses trésors cachés et à vivre l’expérience unique d’une ville qui continue de vibrer au rythme de ses traditions tout en se tournant vers l’avenir.

Histoire de Tabriz

Fondée à l’époque sassanide, l’histoire de Tabriz débute véritablement après la conquête arabe. Selon une tradition, la ville aurait été fondée par la femme du calife abbasside Haroun al-Rashid. En 1295, Tabriz devient la capitale sous le règne du Mongol Ghâzân Khân, qui y fait construire de splendides monuments, aujourd’hui en ruines. La ville se transforme alors en un important centre commercial, fréquenté par des marchands italiens qui en font un relais pour leurs échanges commerciaux avec l’Asie.

Sous les Timourides, Tabriz perd de son importance, mais elle retrouve son rôle de capitale sous les Turcomans du « Mouton Noir », l’un des souverains de cette dynastie ayant fait construire la célèbre mosquée Bleue, joyau architectural de la ville. Plus tard, les Safavides choisissent Tabriz comme première capitale de leur empire et, sous le règne de Shah Ismaïl, y est imposé le chiisme comme religion d’État. Cependant, les guerres avec l’Empire ottoman contraignent les Safavides à transférer leur capitale d’abord à Qazvin, puis à Ispahan.

Au XVIe siècle, la ville est plusieurs fois occupée par les Ottomans, qui y pillent ses richesses et déportent des artistes à Istanbul, où ils contribuent à l’âge d’or de l’art ottoman en apportant la culture persane. Bien que le traité de paix signé en 1639 entre la Perse et l’Empire ottoman marque une période de stabilité, Tabriz reste le théâtre de conflits intermittents entre ces deux puissances. En 1722, la ville accueille Tahmasb II, dernier souverain safavide, chassé d’Ispahan par les Afghans. Dix ans plus tard, il est déposé par Nâder Shah, qui reprend définitivement la ville aux Ottomans en 1729.

vielle carte de Tabriz

 

Au XIXe siècle, sous les Qâdjârs, Tabriz devient la résidence des héritiers du trône, mais elle est également victime des rivalités entre la Perse et la Russie, qui occupe la ville en 1827-1828. Cependant, grâce à son ouverture vers l’Empire ottoman, Tabriz connaît une nouvelle prospérité. Ville cosmopolite, elle devient un centre dynamique où se côtoient Arméniens, Turcs, Persans et Russes, et se distingue comme un pôle culturel, commercial et spirituel majeur.

 

Les incontournables de Tabriz

Avec son histoire très riche, Tabriz regorge de nombreux monuments historiques. Malheureusement, beaucoup d’entre eux ont été détruits lors des invasions ou à cause de catastrophes naturelles telles que les séismes et les inondations. Cependant, quelques-uns de ces monuments restent des chefs-d’œuvre incomparables de l’architecture. La rivière Chai, qui traverse la ville, sépare Tabriz en deux parties, et la majorité des sites d’intérêt pour les visiteurs se trouvent au sud de cette rivière, dans le centre historique de la ville.

 

Mosquée bleue de Tabriz (Masjed-e Kabud)

La Mosquée Bleue, également connue sous le nom de Mosquée Jahan Shah, est l’un des joyaux architecturaux les plus remarquables de Tabriz. Construite au XVe siècle, elle est célèbre pour ses mosaïques bleu azur et son dôme majestueux. Surnommée la « Turquoise de l’Islam », cette mosquée est un exemple exceptionnel de l’architecture timuride. Elle fut édifiée sous la supervision de l’épouse d’Abol Mozaffar Jahan Shah, le souverain de la dynastie Qara Qoyunlu.

Bien qu’elle ait subi d’importants dégâts lors d’un tremblement de terre en 1779, la mosquée a été reconstruite peu après, et restaurée à plusieurs reprises au fil des siècles. En 1966, l’architecte iranien Reza Memaran a dirigé une nouvelle restauration de l’édifice. Aujourd’hui, la Mosquée Bleue demeure un symbole de l’architecture islamique de son époque.

Le dôme de la mosquée est l’un des plus grands exemples de briqueterie islamique du XVe siècle. La répartition du poids du dôme sur ses nombreuses fondations en fait l’un des chefs-d’œuvre d’architecture de l’époque. Ses arches en forme de dôme et ses minarets, décorés de motifs raffinés, reflètent la beauté et la sophistication de l’architecture timuride. Les mosaïques exceptionnelles et les ornements en Muqarnas sur les murs témoignent de l’excellence et de l’innovation de cette période, faisant de ce monument un incontournable à visiter.

Mosquée bleue de TabrizMosquée bleue, Tabriz

Le Grand Bazar de Tabriz

Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2010, le Grand Bazar de Tabriz est l’un des sites incontournables de la ville. Ce marché couvert historique, l’un des plus anciens et des plus vastes du monde, s’étend sur plusieurs kilomètres et abrite une multitude de commerces, allant des marchands de tapis aux épiciers, en passant par les vendeurs de textiles et d’objets artisanaux. Flâner dans ses allées animées permet de s’imprégner de l’atmosphère vivante et dynamique de ce marché traditionnel, véritable cœur commercial de la ville.

Le bazar de Tabriz est un exemple exceptionnel de marché traditionnel iranien et joue un rôle majeur non seulement pour la ville, mais aussi pour toute la région du nord-ouest de l’Iran. Il a été visité au fil des siècles par de nombreux voyageurs célèbres tels que Marco Polo, Ibn Battuta, Chardin et John Cartwright. Avec une superficie couvrant plus d’un kilomètre carré, le bazar s’étend du manoir Ali Qapu à l’est, à la mosquée de Tabriz à l’ouest, et jusqu’au fleuve Meydan Chayi au sud. Ce vaste complexe est constitué de nombreux petits bazars reliés entre eux, chacun comprenant des salles appelées « Timcheh ». Le Timcheh de Mozaffariyeh, notamment, est particulièrement réputé pour son commerce de tapis.

bazar tabriz

Le bazar, dont les origines remontent au XIe siècle, a été agrandi et rénové à plusieurs reprises, notamment après le tremblement de terre dévastateur de 1779. Le souverain de l’époque, Najaf Qoli Khan Donboli, entreprit sa reconstruction, contribuant ainsi à préserver ce lieu emblématique. En plus de ses commerces, le bazar abrite également plusieurs mosquées et écoles religieuses, renforçant ainsi son rôle de centre culturel et spirituel. Un véritable voyage dans le temps et l’histoire vous attend au cœur du Grand Bazar de Tabriz.

Parc El Goli (Shah Goli)

Le parc El Goli est l’un des principaux lieux de détente à Tabriz. Ce vaste parc paysager, situé au sud-est de la ville, abrite un grand bassin avec un manoir en son centre. À l’origine, ce bassin faisait partie des jardins royaux sous la dynastie des Aq Qoyunlu. C’est un endroit idéal pour se promener, profiter de la nature et savourer une boisson dans l’un des cafés du parc.

Le terme « El » signifie « peuple » et « Goli » désigne « bassin » en turc. Ainsi, El Goli se traduit par « bassin des gens ». Le parc El Goli est devenu le principal pôle touristique de Tabriz grâce à sa beauté naturelle. L’expérience unique de se promener dans la fraîcheur agréable de ce parc ne peut être comparée à celle d’autres sites de Tabriz. Le parc dispose également de charmants cafés et petits restaurants.

L’eau du bassin servait autrefois à irriguer les jardins de la région orientale de Tabriz. Le parc El Goli, ou Shah Goli, est situé au sud-est de la ville de Tabriz. Ce magnifique bassin a été construit sous le règne de la dynastie Aq Qoyunlu. Plus tard, sous l’époque safavide, la piscine a été vidée de son eau et remplie de galets, de sable et de déchets produits dans la région. En revanche, le parc El Goli a bénéficié d’une grande attention sous la dynastie Qadjar.

Un manoir à deux étages a également été construit au centre du bassin, sur ordre du souverain de l’époque. Son architecture suit les principes traditionnels des jardins persans : un bassin ou un lac avec un manoir en son centre, entouré de jardins densément plantés d’arbres.

el goli tabrizEL Goli, Tabriz

Qara Kelisa (Église Saint-Thaddée)

Située à Chaldoran, à environ 30 km de Tabriz, l’église Saint-Thaddée (Qara Kelisa) est l’un des sites religieux les plus importants pour la communauté arménienne en Iran. Ce monument historique, l’un des plus anciens de l’Iran dédié aux Arméniens, est un exemple exceptionnel d’architecture chrétienne et constitue un lieu de pèlerinage pour les Arméniens du monde entier. Selon la tradition, l’église aurait été fondée en 68 après J.-C. par l’apôtre Saint Thaddée, qui se rendit en Arménie — alors partie de l’Empire perse — pour y prêcher les enseignements du Christ. Les Arméniens considèrent Qara Kelisa comme la première église du monde.

L’église se compose de deux structures : une première, noire, qui est le bâtiment d’origine, d’où elle tire son nom, et une seconde, blanche, l’église principale, ajoutée à l’aile ouest en 1810. À environ deux kilomètres au nord-ouest de l’église se trouve une ancienne chapelle, censée être le lieu où la première chrétienne, Sandokh, a été martyrisée. Cette chapelle est aussi ancienne que Qara Kelisa.

Chaque année, la communauté arménienne célèbre la cérémonie religieuse du « Badarak », un rite symbolisant la liberté des minorités religieuses d’exercer leurs pratiques en République islamique d’Iran.

qara kelisaQara Kelisa, Azerbaïdjan, Iran

Le Musée de la Constitution

dédié à un événement clé de l’histoire moderne de l’Iran : la Révolution Constitutionnelle iranienne (1905-1911), Ce musée retrace l’histoire de ce mouvement qui a joué un rôle déterminant dans la transformation politique et sociale du pays au début du 20e siècle.

Le musée est installé dans un ancien bâtiment, qui servait à l’époque de siège aux partisans de la Révolution Constitutionnelle. C’est ici que plusieurs réunions et discussions importantes ont eu lieu pendant cette période décisive. L’édifice est ainsi devenu un symbole de la lutte pour l’établissement d’une constitution et de la fin du despotisme absolu en Iran.

Les expositions du musée incluent des documents, des photographies, des objets et des artefacts de l’époque, qui racontent l’histoire de la Révolution Constitutionnelle et les événements qui ont conduit à la création de la première constitution iranienne en 1906. Le musée met en lumière les personnalités clés de ce mouvement, ainsi que les conflits et les manifestations populaires qui ont secoué le pays.

Il est également un lieu de mémoire pour honorer les martyrs et les héros de la révolution, qui ont sacrifié leur vie pour l’instauration d’un gouvernement constitutionnel et démocratique.

maison de constitution

 

Le Musée d’Azerbaïdjan (Musée d’archéologie de Tabriz)

situé à Tabriz, la capitale de la province du Azerbaïdjan oriental en Iran, est l’un des plus importants de la région et offre un aperçu précieux de l’histoire et de la culture de l’Azerbaïdjan iranien, ainsi que de la civilisation de l’ancienne région de l’Azerbaïdjan.

Le musée est divisé en plusieurs sections qui présentent des objets archéologiques, des artefacts de différentes époques, et des expositions d’art. Il abrite des objets datant de l’ère préhistorique, de la période islamique, ainsi que des pièces représentant l’art et la culture de l’Azerbaïdjan et de la région du Caucase.

Les visiteurs peuvent y découvrir des sculptures, des céramiques, des inscriptions anciennes, des objets du quotidien, et des pièces précieuses en métal et en pierre. Certaines des collections les plus impressionnantes proviennent de fouilles archéologiques réalisées dans la région de Tabriz et ses environs, mettant en lumière l’importance historique de cette zone.

En plus de son rôle en tant que musée historique, le musée d’Azerbaïdjan est également un lieu culturel où des événements et des expositions temporaires sont organisés, permettant de mieux comprendre l’histoire de cette région unique.

 

Kandovan

Kandovan est un village impressionnant situé en Iran, dans la province de l’Azerbaïdjan oriental. Ce qui le rend unique, c’est ses maisons troglodytes, c’est-à-dire des habitations construites directement dans les formations rocheuses volcaniques. Ces structures en forme de cône, sculptées dans la roche, sont une caractéristique distinctive du village, qui se trouve dans une vallée entourée de montagnes.

kandovan

Les habitants de Kandovan vivent dans ces maisons depuis des siècles. Certaines de ces habitations sont encore occupées aujourd’hui, offrant un aperçu fascinant de la manière dont les gens ont adapté leur mode de vie à leur environnement. Le village est également connu pour ses paysages spectaculaires et son atmosphère paisible, attirant de nombreux visiteurs curieux de découvrir ce mode de vie ancien.

Kandovan est souvent comparé à un autre village troglodyte bien connu, celui de Matera en Italie, bien que les conditions géologiques et culturelles soient très différentes. C’est un lieu où l’histoire, l’architecture et la nature se rencontrent d’une manière unique.

 

Comment se rendre à Tabriz
  • En avion : L’aéroport international de Tabriz (TBZ) est bien desservi et propose des vols domestiques vers Téhéran, Mashhad, ainsi que vers d’autres grandes villes iraniennes.
  • En train : Tabriz est reliée à plusieurs grandes villes iraniennes par un réseau ferroviaire efficace, offrant une option de voyage pratique et confortable.
  • En bus : Des autocars partent régulièrement de Téhéran et d’autres grandes villes vers Tabriz, permettant un accès facile à la ville.
  • En voiture : La ville est accessible par la route, notamment depuis la frontière iranienne avec la Turquie, située à environ 310 km au nord-ouest de Tabriz.

 

La cuisine locale de Tabriz

La cuisine locale de Tabriz et de la région de l’Azerbaïdjan iranien est riche, variée et reflète l’influence des traditions perses et de celles des peuples voisins. La cuisine est caractérisée par l’utilisation de produits frais, de viandes, de légumes, de fruits, d’herbes aromatiques, de riz et de pains. Voici quelques plats typiques que l’on retrouve à Tabriz et dans la région :

1Dolmeh (Dolma)

Les dolmeh sont des feuilles de vigne farcies, généralement avec un mélange de riz, viande (souvent de l’agneau haché), légumes, herbes et épices. Ce plat est populaire dans tout le nord-ouest de l’Iran et fait partie de la cuisine traditionnelle de la région.

2Ash-e-Doogh

Il s’agit d’une soupe froide à base de yaourt, d’herbes fraîches, de riz et de pois chiches. Elle est souvent servie en été pour se rafraîchir et est typiquement accompagnée de pain plat.

3Kufteh Tabrizi

Un autre plat typique de la région de Tabriz, le kufteh est une sorte de grosse boulette de viande hachée (souvent de l’agneau), mélangée avec du riz, des légumes et des herbes, puis cuite dans une sauce à base de tomates et d’épices.

4Tashreeb

Le tashreeb est un ragoût à base de viande, de légumes et de yaourt, souvent servi avec du pain pour tremper dans la sauce riche et épicée.

5Baklava

La baklava est un dessert traditionnel du Moyen-Orient que l’on trouve également à Tabriz. Il s’agit d’une pâtisserie sucrée à base de pâte filo, de noix (généralement des pistaches ou des noix) et de sirop de sucre ou de miel.

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En savoir plus: La cuisine iranienne

 

 

Quand visiter Tabriz ?

Le meilleur moment pour visiter Tabriz est pendant le printemps (mars à mai) et l’automne (septembre à novembre), lorsque les températures sont agréables et que la ville est à son plus beau. L’été peut être très chaud, avec des températures pouvant atteindre 40°C.