Ardabil est une ville historique du nord-ouest de l’Iran, située près de la frontière avec l’Azerbaïdjan. Nichée dans une région montagneuse au climat tempéré, elle constitue un centre culturel et historique majeur. Capitale de la province éponyme, Ardabil s’élève à 1 310 mètres d’altitude sur les contreforts du mont Sabalan. À l’est, elle est bordée par la chaîne de montagnes Talesh, tandis qu’à l’ouest, elle offre une proximité remarquable avec la mer Caspienne.
Son nom est issu du terme zoroastrien Artavil, qui signifie « lieu saint », témoignant de son ancienneté et de son importance spirituelle. Aujourd’hui, Ardabil demeure une cité éclatante, riche en attraits culturels et historiques, qui ne cesse de fasciner les visiteurs.
Mausolée de Sheikh Safi al-Din
La ville compte environ 650 000 habitants, majoritairement d’origine azérie. Elle est réputée pour son artisanat raffiné, notamment ses tapis mondialement célèbres et ses somptueux tissus de soie. Ardabil joue un rôle clé dans l’histoire de la dynastie safavide et abrite le mausolée de Sheikh Safi al-Din, un site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Histoire d’Ardabil
L’histoire d’Ardabil remonte à l’Antiquité. Selon certaines sources, elle aurait été fondée sous l’Empire médian (VIIe-VIe siècle av. J.-C.) avant de se développer sous les Achéménides et les Sassanides. Une tradition attribue même sa fondation au roi sassanide Pirooz (459-484). Cependant, l’histoire préislamique de la ville demeure largement méconnue.
Ardabil acquiert une importance particulière à l’époque islamique, notamment à partir du XIIIe siècle, lorsque Sheikh Safi al-Din y établit la confrérie soufie Safavieh. Ce centre spirituel donnera naissance à la dynastie safavide, fondée par son lointain descendant, Shâh Ismail Ier, en 1499. Sous les Safavides (XVIe-XVIIIe siècle), Ardabil devient un pôle religieux et politique essentiel ainsi que Tabriz , jouant un rôle clé dans l’expansion de l’islam chiite en Iran.
La ville connaît aussi des périodes de troubles. Détruite par les Mongols en 1220, elle est reconstruite et retrouve son prestige sous les Safavides. Cependant, elle subit plusieurs invasions : occupée par les Ottomans entre 1725 et 1730, puis par les Russes en 1826-1828, qui pillent nombre de ses trésors. Ardabil a été mentionnée par plusieurs voyageurs européens entre le XVIIe et le XIXe siècle, témoignant de son importance historique et culturelle à travers les âges.
les incontournables d’Ardabil
Ardabil est une ville au passé fascinant, dotée d’un riche patrimoine architectural, culturel et naturel. Son rôle historique dans l’établissement de la dynastie safavide, son artisanat renommé et ses paysages pittoresques en font une destination incontournable pour les amateurs d’histoire et de culture persane.
Voici une liste des incontournables d’Ardabil:
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L’ensemble du sanctuaire du Sheikh Safi al-Din
L’ensemble du sanctuaire du Sheikh Safi al-Din à Ardabil constitue un chef-d’œuvre artistique et architectural d’exception en Iran. Ce sanctuaire, dédié à l’un des plus grands maîtres soufis, est le plus vaste et le plus complet des Khâneqâh d’Iran et demeure un lieu sacré jusqu’à aujourd’hui.
Conçu comme une véritable petite ville, ce complexe comprenait des bazars, des bains publics, des places, des lieux de culte, des habitations et des bureaux, ainsi que la tombe de Shah Ismail, fondateur de la dynastie safavide. L’accès au sanctuaire se fait par un passage symbolique structuré en sept étapes représentant les sept stades du mysticisme soufi, séparées par huit portes illustrant les huit attitudes du soufisme. Le site est orné de façades et d’intérieurs richement décorés et abrite une collection exceptionnelle d’objets anciens, constituant un témoignage rare de l’architecture islamique médiévale.
sanctuaire du Sheikh Safi al-Din, Ardabil
Le Sheikh Safi al-Din Abol-Fath Es’hagh Ardebili (1253-1334) est l’un des pères fondateurs du soufisme iranien et une figure spirituelle majeure, influente bien au-delà des frontières de l’Iran, de l’Inde jusqu’à l’Égypte, en passant par l’Anatolie. Son ascendance est représentée graphiquement dans le hall principal du mausolée. À Ardabil, il établit un Khâneqâh (lieu de retraite spirituelle) afin de transmettre les enseignements du soufisme à ses nombreux disciples. Les petites cellules où ils se retiraient pour la méditation sont encore visibles autour de la cour du mausolée, juste après le portail principal. Aujourd’hui, parmi les objets exposés dans la salle des Porcelaines (Tchini-Khâneh), on trouve un habit en laine (pashmineh) qui aurait appartenu au Sheikh et qui était porté lors des cérémonies spirituelles.
À son décès en 1334, son fils et héritier, Sadreddin Moussâ, fait ériger un mausolée sur sa tombe, conformément à son souhait d’être enterré dans sa propre maison, à proximité de son Khâneqâh, là où il priait. Dès le XIVe siècle, ce site devient un centre spirituel majeur pour des milliers de disciples soufis. Sous les Safavides, le mausolée prend une importance croissante sur les plans politique et idéologique, devenant un sanctuaire officiel, notamment après l’inhumation du roi Ismail Ier (1487-1524) en son sein. La famille royale et les nobles y faisaient des offrandes précieuses (or, argent, terres) en signe de respect et de dévotion.
mausolée du Sheikh Safi, Ardabil
Le mausolée du Sheikh Safi suscitait également des débats religieux et des croyances populaires. Certains pensaient que son plan architectural avait été révélé à son concepteur lors d’un rêve ou d’une extase mystique. L’explorateur allemand Adam Olearius, qui visita le sanctuaire sous le règne de Shâh Safi (1611-1642), mentionne dans ses mémoires ces croyances entourant ce lieu empreint de spiritualité et de mystère.
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La mosquée Djame d’Ardabil
La mosquée du Vendredi d’Ardabil est située dans le quartier de Pir-Shamsodin. Construite à l’époque seldjoukide, elle est restée en fonction jusqu’au début de la période safavide. Bien qu’elle ait subi de lourds dégâts lors de l’invasion mongole, elle fut restaurée sous les Ilkhanides. Cependant, une grande partie de l’édifice aurait été détruite par un tremblement de terre.
Ce monument historique se trouve à proximité d’un temple du feu datant de l’époque parthe. À l’origine, la structure seldjoukide de la mosquée, qui faisait partie intégrante de ce temple, comprenait une vaste cour, un porche et une grande arche. Détruite par les Mongols en 1223, elle fut reconstruite en 1252.
Aujourd’hui, le bâtiment d’origine est presque entièrement détruit, ne laissant subsister que le dôme et le porche de la Grande Mosquée. Bien que datant de l’époque seldjoukide, son architecture diffère du style traditionnel de cette période : en effet, contrairement aux mosquées seldjoukides qui reposaient souvent sur un plan à quatre iwans, celle-ci ne suit pas ce modèle.
L’édifice, dont la structure principale est en briques, se compose de trois parties. La première est la base d’un minaret, située à une courte distance de la mosquée. Une inscription y figure, bien qu’elle n’ait aucun lien direct avec la mosquée ; sa disposition suggère qu’elle a été apportée d’un autre endroit avant d’être fixée sur le minaret.
La deuxième partie de la mosquée, appelée Tirpush, mesure 8 mètres sur 15. Il s’agit d’une salle dotée de neuf piliers en bois reposant sur des bases en pierre de forme irrégulière. Cette particularité architecturale témoigne des différentes influences et restaurations qu’a connues la mosquée au fil des siècles.
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Le Bazar d’Ardabil
Le bazar d’Ardabil est l’un des centres commerciaux les plus anciens et les plus emblématiques de la ville, reflétant son riche passé historique et son dynamisme culturel. Situé au cœur d’Ardabil, ce bazar remonte à l’époque seldjoukide et a prospéré sous les Safavides, devenant un important centre d’échanges et d’artisanat. Son architecture traditionnelle, composée de ruelles couvertes, de caravansérails et de coupoles en briques, crée une atmosphère authentique et envoûtante. On y trouve une grande variété de produits, allant des célèbres tapis d’Ardabil aux tissus de soie raffinés, en passant par les épices, les bijoux et l’artisanat local. Le bazar demeure aujourd’hui un lieu incontournable, non seulement pour les achats, mais aussi pour découvrir l’âme vivante de la ville et son héritage commercial séculaire.
Ardabil est célèbre pour la production de tapis persans de grande qualité. Le tapis le plus célèbre d’Ardabil, datant du XVIe siècle, est conservé au Victoria and Albert Museum de Londres. Ces tapis, confectionnés avec une grande finesse, se distinguent par leurs motifs complexes et leur qualité exceptionnelle, reflétant le raffinement artistique de la Perse safavide.
À voir et à faire aux environs d’Ardabil
Aux environs d’Ardabil, découvrez les célèbres sources d’eau chaude de Sar’eyn, réputées pour leurs vertus thérapeutiques. Ne manquez pas le pont suspendu de Meshgin Shahr, le plus haut et le plus long du Moyen-Orient, offrant une vue spectaculaire sur la vallée. Vous pourrez également explorer les paysages montagnards autour du mont Sabalân, idéaux pour les amateurs de nature et de randonnée.
► Les sources d’eau chaude de Sar’eyn
Depuis des siècles, les Iraniens accordent une grande importance aux propriétés thérapeutiques des eaux chaudes naturelles. Si, autrefois, les rois faisaient construire des centres de loisirs autour de ces sources, les populations locales leur attribuaient également une dimension religieuse et mystique. Selon certaines croyances populaires, ces eaux seraient protégées par des forces divines et dotées de pouvoirs surnaturels capables de guérir tous les maux. De grands savants iraniens, comme Avicenne, se sont d’ailleurs penchés sur les bienfaits médicaux des eaux thermales.
L’Iran, pays de reliefs montagneux et volcaniques, abrite de nombreuses sources d’eau chaude réparties sur l’ensemble du territoire. Les plus importantes se situent notamment sur les flancs du mont Damâvand (Alborz) et du mont Sabalân (au nord-ouest). Aujourd’hui, on recense environ 370 sources thermales en Iran, principalement en Azerbaïdjan occidental, dans le Mâzandârân et à Ardabil.

À seulement 25 km d’Ardabil, les sources thermales de Sar’eyn, dont Gâvmish Goli, Ghotor-Soui (la « vieille eau ») et Sâri-Sou (l’eau jaune), jouissent d’une renommée mondiale et attirent chaque année de nombreux visiteurs. La région compte également deux bains d’eau naturelle gazeuse aux propriétés médicinales exceptionnelles, situés dans la vallée de Vilâ, à 5 km de Sar’eyn. De plus, la source d’Isti-Sou s’étend le long de la route Ardabil-Khalkhâl, considérée comme l’une des plus belles routes du pays. Les eaux thermales de Sar’eyn sont particulièrement réputées pour leurs vertus thérapeutiques uniques.
► Le pont suspendu de Meshgin Shahr
Le pont suspendu de Meshgin Shahr est le plus haut et le plus long de son genre au Moyen-Orient. Il traverse une rivière et une vallée verdoyante, offrant une expérience inédite aux visiteurs. Ce pont procure une sensation mêlée d’excitation, de vertige et d’émerveillement, en particulier lorsque l’on marche sur sa section vitrée, surplombant la rivière rugissante et le paysage spectaculaire en contrebas.
D’une longueur de 365 mètres – en référence au nombre de jours dans une année –, il a été conçu en 2014 par un architecte iranien, qui s’est inspiré du célèbre pont Capilano à Vancouver, au Canada. Véritable prouesse architecturale, le pont suspendu de Meshgin Shahr est devenu une attraction incontournable pour les amateurs de sensations fortes et les amoureux de la nature.

►Le Lac de Shorabil
Le lac de Shorabil, situé à proximité de la ville d’Ardabil, est l’un des plus grands lacs d’eau douce d’Iran. Ce lac pittoresque est un lieu de détente et de loisirs, offrant un cadre paisible pour les visiteurs. Il est entouré de jardins, de sentiers de promenade et de cafés, ce qui en fait un endroit idéal pour des activités en plein air, comme le pique-nique, la marche et les promenades en bateau. En été, le lac devient une destination prisée pour se rafraîchir, tandis qu’en hiver, ses rives sont souvent recouvertes de neige, créant un paysage magnifique. Le lac est également réputé pour sa faune, notamment les oiseaux migrateurs qui s’y arrêtent pendant leur trajet.
Pour se rendre à Ardabil, il est possible de prendre un vol jusqu’à l’aéroport international d’Ardabil, situé à environ 15 kilomètres de la ville. Des vols réguliers relient Téhéran à Ardabil, avec une durée de vol d’environ 1 heure. Si vous préférez voyager en bus ou en voiture, Ardabil est bien connectée par la route avec les autres grandes villes de l’Iran, notamment Téhéran (environ 600 km) et Tabriz (environ 200 km). Les trajets en bus prennent généralement entre 8 et 10 heures depuis Téhéran.
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