Yazd, ville millénaire au cœur de l’Iran, est un véritable carrefour où histoire, culture et architecture s’entrelacent pour offrir une expérience unique aux voyageurs. Surnommée la « Ville des tours à vent » ou la « Ville des Zoroastriens« , elle figure parmi les plus anciennes cités habitées au monde. Nichée entre Ispahan et Kerman, cette oasis au milieu des vastes déserts iraniens dévoile un paysage à la fois majestueux et envoûtant. Forte de plus de 5 000 ans d’histoire, Yazd a été un centre florissant de commerce, de culture et de spiritualité à travers les âges.
Grâce à son architecture unique en briques d’argile et à son impressionnant système d’irrigation souterrain, Yazd est un véritable témoignage de l’ingéniosité humaine face aux conditions arides du désert. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle séduit les visiteurs par son ambiance authentique et ses nombreux trésors architecturaux.
Histoire de Yazd
Yazd, ville ancienne et emblématique de l’Iran, possède une histoire riche remontant à plus de 5 000 ans. La première mention de Yazd dans les archives historiques date d’environ 3000 ans avant J.-C., sous le nom d’Ysatis, lorsqu’elle faisait partie du territoire des Mèdes. Sa situation géographique, éloignée des grandes capitales et entourée de vastes déserts, lui a permis d’échapper aux invasions destructrices, préservant ainsi son patrimoine architectural et culturel unique.
Grâce à sa position stratégique sur la Route de la Soie, Yazd a prospéré en tant que centre de commerce et d’échanges culturels, attirant marchands et voyageurs du monde entier. Sous différentes dynasties, notamment les Sassanides, les Seldjoukides et les Safavides, la ville a continué à se développer, tout en conservant ses traditions ancestrales.
Au XIIIe siècle, lors de l’invasion mongole, Yazd est devenue un refuge pour de nombreux artistes, intellectuels et scientifiques fuyant les destructions causées par la guerre. Son rôle de sanctuaire intellectuel et artistique a renforcé son importance au sein de la Perse médiévale.
Marco Polo visita Yazd en 1272 et la décrivit comme une ville noble et prospère, renommée pour sa production de soie. Durant le XIVe siècle, Yazd fut brièvement la capitale des dynasties des Atabakans et des Mozaffarides. Sous la dynastie des Qajars au XVIIIe siècle, elle était gouvernée par les chefs tribaux Bakhtiari, l’un des groupes ethniques les plus influents d’Iran.
Aujourd’hui, Yazd demeure un témoignage vivant de la résilience humaine et de l’ingéniosité dans l’adaptation aux environnements désertiques. Son histoire fascinante, son architecture unique et son héritage multiculturel en font une destination incontournable pour les voyageurs en quête d’authenticité et de découverte.
Emplacement et géographie de Yazd
Yazd est située au cœur de l’Iran, sur un haut plateau désertique, entre les vastes étendues du Dasht-e Kavir au nord et du Dasht-e Lut au sud-est. Elle est entourée par les monts Karkas au sud-ouest et les monts Shirkuh au nord-est, ce qui lui confère un climat désertique marqué par des étés torrides et des hivers doux.
Son emplacement stratégique le long des anciennes routes commerciales, notamment la Route de la Soie, en a fait un carrefour essentiel pour les marchands reliant l’Europe à l’Asie. Pour survivre dans cet environnement aride, Yazd a développé un ingénieux système de qanats, des canaux souterrains permettant d’acheminer l’eau depuis les montagnes environnantes. De plus, les célèbres tours à vent (badgirs), omniprésentes sur les toits, offrent une ventilation naturelle qui rafraîchit les habitations face à la chaleur extrême du désert.
Yazd possède un climat désertique, caractérisé par des étés caniculaires et des hivers frais. L’architecture ingénieuse de la ville, incluant les tours à vent et les qanats (canaux d’eau souterrains), permet d’atténuer les températures extrêmes. Les meilleures saisons pour visiter Yazd sont le printemps et l’automne, quand le temps est doux et agréable.
Yazd : Perle du Désert Iranien et Ses Incontournables
Depuis toujours, Yazd a développé une architecture adaptée à son environnement extrême. L’architecture traditionnelle et épurée de la ville, en grande partie construite en argile, contraste avec les bâtiments modernes. Les maisons, souvent en pisé, sont dotées de toits plats surmontés de hautes tours, avec les célèbres badgirs (tours à vent) en briques, symboles de l’architecture iranienne du désert, utilisées pour la ventilation. Ce système ingénieux permettait de faire circuler l’air en été, rafraîchissant ainsi l’intérieur des maisons.
Fiancée du désert, ville de solitude, Yazd a été un refuge pour les zoroastriens, un asile pour les soufis et les savants, une cité de piété et de foi.
1La Vieille Ville de Yazd
La vieille ville de Yazd, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un véritable labyrinthe de ruelles étroites et sinueuses, offrant un voyage dans le temps. Ses maisons en adobe aux façades en terre cuite, ses bazars traditionnels et ses mosquées ornées de carrelages colorés témoignent de l’histoire millénaire de cette cité désertique. Les anciennes bâtisses, souvent dotées de cours intérieures et de jardins ombragés, sont un parfait exemple de l’architecture adaptée au climat chaud et sec de la région. La ville conserve également un riche héritage de traditions et de savoir-faire, notamment dans la fabrication de textiles et de céramiques. Flâner dans les rues de la vieille ville permet de découvrir l’âme de Yazd, où chaque coin révèle un morceau d’histoire et de culture persane.
2La mosquée Jame de Yazd
La mosquée Jame de Yazd, également connue sous le nom de mosquée du vendredi, est l’une des attractions les plus impressionnantes de la ville. Construite au XIVe siècle sous l’ordre de la femme du gouverneur de Yazd, elle se distingue par une architecture unique qui caractérise les mosquées iraniennes, notamment par ses grands portails d’entrée, appelés pishtaq. Cette mosquée est un exemple remarquable, avec ses deux hauts minarets visibles depuis l’extérieur de la ville. Véritable témoin du génie des architectes iraniens, elle illustre une maîtrise étonnante de l’architecture persane et islamique, que l’on ne pourrait pleinement apprécier sans voir ces chefs-d’œuvre de briques de terre. L’art de la calligraphie et les œuvres décoratives à l’intérieur de la mosquée, ainsi que les magnifiques motifs et dessins sur les coins du plafond, notamment ceux représentant le saint nom d’Ali, sont d’une beauté et d’une finesse exceptionnelles.
3Complexe d’Amir chakhmaq
Amir Chakhmakh est un symbole emblématique du riche patrimoine culturel de Yazd et reste une destination touristique populaire, célèbre pour sa mosquée impressionnante et son grand portail d’entrée, l’un des plus grands et des plus reconnaissables de la région. La structure a été construite au début du 15e siècle sous l’ère timouride, sous le patronage d’Amir Chakhmakh, un chef militaire et gouverneur de l’époque. La mosquée présente des travaux en briques complexes, de grands iwans (salles voûtées), et de magnifiques minarets, ainsi que des arches décoratives et des carreaux qui reflètent le génie architectural persan. Le site comprend également un réservoir d’eau traditionnel et est entouré d’un bazar animé.
4Le temple du feu
Le plus important temple du feu zoroastrien, l’Atashkadeh, a été construit en 1934. Il abrite un feu sacré qui brûle depuis près de 1 500 ans. L’architecture du temple du feu de Yazd mêle des influences iraniennes, européennes et modernes. Sur le fronton du temple figure le disque ailé anthropomorphique (fravahr), déjà présent dans l’art achéménide, entouré de trois inscriptions : « Bonne Parole », « Bonne Pensée », « Bonne Action ».
À l’intérieur du temple, on peut apercevoir le feu sacré à travers une vitre. Ce dernier brûle dans un grand vase en métal, alimenté par des bûches, symbole de pureté, de vérité et de bonté divine. Un portrait moderne de Zoroastre est accroché au mur : son index levé représente l’unité de Dieu et, indirectement, l’accord du zoroastrisme avec l’islam.
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5Les tours du silence
Au sud-ouest de la ville, deux tours du silence (dakhmeh) se dressent sur des collines au pied des montagnes. Datant de l’époque islamique, ces édifices circulaires servaient aux rites funéraires des zoroastriens. Selon leur croyance, les morts étaient considérés comme impurs, et leur inhumation risquait de souiller la terre et les vivants.
Dans l’Avesta, Ahura Mazda ordonne à Zoroastre de déposer les corps sur des hauteurs fréquentées par des animaux carnivores. Ainsi, dans les tours du silence, les cadavres étaient exposés aux rapaces, qui se chargeaient de leur décomposition. Les ossements restants étaient ensuite placés dans des Astodans, des urnes en céramique ou des cavités creusées dans la roche, qui étaient ensuite scellées.
Aujourd’hui, les tours du silence ne sont plus utilisées. Les zoroastriens pratiquent désormais l’inhumation dans des cercueils étanches. En contrebas des deux tours, plusieurs édifices en ruine témoignent encore des lieux où l’on préparait les corps et accomplissait les rites mortuaires.
6Le Jardin Dolatabad
Le Jardin Dolatabad, situé à Yazd, est l’un des plus beaux exemples de l’architecture et du design paysager persan. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce jardin historique datant du XVIIIe siècle a été conçu sous le règne de la dynastie Zand. Il est célèbre pour son magnifique pavillon central, qui possède la plus haute badgir (tour du vent) d’Iran, atteignant environ 33 mètres. Cette tour ingénieuse permet de rafraîchir naturellement l’intérieur du bâtiment, offrant une oasis de fraîcheur au cœur du désert. Le jardin lui-même est aménagé selon les principes du jardin persan traditionnel, avec des allées symétriques bordées de cyprès et de grenadiers, des bassins d’eau reflétant l’architecture élégante, et une atmosphère paisible qui invite à la contemplation. Dolatabad est non seulement un chef-d’œuvre architectural, mais aussi un lieu empreint de sérénité, où l’on peut admirer le mariage harmonieux entre nature et ingénierie persane.
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Héritage culturel de Yazd
Le patrimoine culturel de Yazd plonge ses racines dans le zoroastrisme, l’une des plus anciennes religions du monde. La ville accueille une communauté zoroastrienne significative, dont l’influence se manifeste à travers diverses coutumes et traditions. Yazd est également réputée pour ses savoir-faire artisanaux, notamment le tissage de la soie, la poterie et la fabrication de textiles et tapis d’une grande finesse.
Nichée au cœur du désert, Yazd préserve son éclat d’autrefois à travers sa religion, ses traditions et son architecture. Elle est reconnue par l’UNESCO pour posséder l’une des architectures les plus anciennes au monde. Son nom, « Yazd« , signifie sacré et vénération, témoignant ainsi de son statut de ville sacrée dans le passé.
Les festivités et célébrations animent la ville tout au long de l’année, notamment lors de Nowruz, le Nouvel An iranien, ou de la fête de Yalda, parmi les plus importantes et joyeuses du calendrier. Les rues se parent de décorations éclatantes, tandis que les habitants se réunissent pour savourer des plats traditionnels et participer aux réjouissances. Fidèles à leur héritage, les habitants de Yazd ont su résister aux évolutions de l’urbanisation moderne, conservant ainsi leurs structures architecturales ancestrales.
Les qanats sont d’ingénieux systèmes d’irrigation souterrains développés en Iran il y a plus de 2 500 ans. Ces galeries drainantes, creusées à la main, permettent d’acheminer l’eau des nappes souterraines vers les villages et les terres agricoles, souvent situés à des kilomètres de la source. Grâce à une légère pente, l’eau s’écoule naturellement sans besoin de pompage, offrant ainsi une gestion durable des ressources hydriques dans les régions arides. Ce système, essentiel à la prospérité des civilisations perses, est encore utilisé aujourd’hui et figure au patrimoine mondial de l’UNESCO.
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Gastronomie Locale de Yazd
La ville de Yazd, située au cœur de l’Iran, est réputée pour sa cuisine riche en saveurs et en traditions. Mélange subtil d’ingrédients locaux et d’épices parfumées, la gastronomie yazdie reflète l’histoire et le patrimoine culturel de la région. Elle se distingue aussi bien par ses plats salés que par ses douceurs, qui ravissent les palais des habitants et des visiteurs.
Voici quelques-unes des spécialités culinaires incontournables de Yazd :
🔸 Ash-e Shooli : Cette soupe emblématique de Yazd est préparée à base de légumes verts, de betteraves, de vinaigre et de farine, le tout subtilement relevé d’épices locales. Réconfortante et nutritive, elle est particulièrement appréciée en hiver et souvent servie en entrée lors des repas familiaux.
🔸 Shirini Yazdi : Ces petites pâtisseries moelleuses sont un véritable symbole de la ville. À base de farine, d’amandes, de cardamome et souvent parfumées à l’eau de rose, elles sont légères et délicieusement parfumées. Elles accompagnent idéalement un thé noir iranien et sont très prisées lors des fêtes et des célébrations.
🔸 Ghotab : Ce dessert traditionnel se présente sous forme de petits beignets croustillants, garnis d’un mélange de noix, d’amandes et de miel, puis saupoudrés de sucre glace. Avec leur texture croquante et leur cœur fondant, ils sont l’une des sucreries les plus populaires de Yazd et sont souvent offerts en cadeau.
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