L’Empire safavide, fondé en tant que dynastie politique en 1501, fut le deuxième grand empire islamique à se constituer. Il a émergé en tant que secte religieuse et a acquis les caractéristiques militaires et politiques d’un empire seulement après 1501. L’Empire safavide se distingue également des empires ottoman et moghol par le fait qu’il était un empire chiite officiel. Les différences religieuses ont engendré une grande hostilité entre les Safavides et leurs rivaux sunnites. L’Empire safavide a été formé en 1501 et s’est terminé avec l’invasion des Afghans en 1722. Il a exercé une influence durable sur le nationalisme persan.

L'Empire safavide

Peinture au Palais de Chehelsotoun, Ispahan

Qui étaient les Safavides ?

Les Safavides (1501–1736) constituent la dynastie qui prit le contrôle de la Perse au début du XVIe siècle et sont souvent considérés comme le début de l’histoire moderne de la Perse. L’établissement du chiisme duodécimain comme religion d’État par les Safavides fut un facteur majeur dans l’émergence d’une conscience nationale unifiée parmi les divers groupes ethniques et linguistiques du pays.

 

Les Origines de l’Empire Safavide

Les racines de l’Empire safavide remontent à l’ordre safavide, un mouvement religieux soufi fondé par Sheikh Safi al-Din au XIIIe siècle. Avec l’expansion du chiisme au XVe siècle, les ordres soufis chiites se sont également multipliés et ont renforcé leurs forces. Le plus ancien ordre soufi chiite de cette époque était attribué à la famille soufie safavide, descendants de Sheikh Safi al-Din d’Ardabil, chef de l’ordre soufi safavide, qui a progressivement établi son pouvoir dans la région de l’Azerbaïdjan et ses alentours. Ils ont instauré un système de type monarchique jusqu’à ce qu’ils accèdent au trône de l’Iran au début du XVIe siècle. À l’origine un ordre spirituel, les Safavides ont progressivement accumulé du pouvoir militaire, devenant ainsi une dynastie régnante. Les descendants de Sheikh Safi al-Din, notamment son arrière-petit-fils Ismail I, ont joué un rôle déterminant dans la transformation de cet ordre religieux en une force politique redoutable.

Sheikh Safi al-Din Ardabili
Sheikh Safi Ardabili (1253-1334, Ardabil) était l’ancêtre de la dynastie safavide, qui régna sur l’Iran de 1501 à 1736. Soufi mystique et fondateur de l’ordre Ṣafavi du soufisme, Sheikh Safī al-Dīn était un descendant du roi Firuz, un souverain de la région du Kurdistan. Il passa sa jeunesse à Ardabil, où sa famille aurait possédé des terres accordées par le gouvernement central. Plus tard, il se rendit à Chiraz, où il fut pour la première fois influencé par les enseignements mystiques. Il voyagea ensuite dans la région de Gilan (région caspienne de l’Iran), où il passa vingt-cinq ans en tant que disciple d’un leader spirituel appelé Sheikh Zāhid Gilani, dont il épousa la fille. Après un différend sur le successeur légitime de Sheikh Zāhid, Safī al-Dīn retourna à Ardabil, où il fonda l’ordre Ṣafavi.

Tout au long de l’histoire iranienne, l’émergence de la dynastie safavide marque un tournant majeur. Après des siècles sous domination étrangère, l’Iran redevient un État puissant et indépendant dans l’Orient islamique. Les invasions mongoles, commencées au XIIIe siècle, ont profondément réorganisé le monde islamique. Non seulement elles ont mis fin à l’empire abbasside et fracturé le centre du monde islamique, mais elles ont également entraîné l’arrivée de nouveaux peuples et dynasties turciques, transférant les axes du pouvoir aux mains de clans turciques. L’ordre Ṣafavi à Ardabil, toutefois, étant éloigné des centres politiques, a pu rester neutre, permettant aux mystiques persans de bâtir une solide communauté.

La religion de l’Empire Safavide

Grâce à leurs remarquables réalisations, les Safavides ont reunifié l’Iran en tant qu’État indépendant en 1501 et établi le chiisme duodécimain comme religion officielle de la Perse, marquant un des tournants les plus importants de l’histoire de l’Islam. Les duodécimains croient que les Douze Imams sont les successeurs spirituels et politiques du Prophète Muhammad. Selon cette théologie, les Douze Imams sont des individus exemplaires capables de gouverner la communauté avec justice et d’interpréter la Shari’a ainsi que le sens ésotérique du Coran. Les paroles et actes (Sunnah) de Muhammad et des Imams servent de guide à la communauté, et, en conséquence, le Prophète Muhammad et les Imams doivent être exempts d’erreur et de péché, une doctrine connue sous le nom d’Ismat ou d’infaillibilité.

L’établissement de l’Empire Safavide

Ismail I, qui accéda au pouvoir en 1501, est crédité de la fondation de l’Empire safavide. Il se proclama Shah d’Iran et fit du chiisme duodécimain la religion officielle de l’État, marquant un changement significatif dans le paysage religieux de la région. La bataille de Chaldiran en 1514 contre l’Empire ottoman fut un tournant dans l’histoire safavide. Bien que les Safavides aient été défaits, cette bataille permit de fixer les frontières entre les deux empires et démontra la résilience et la détermination des dirigeants safavides.

 

Chah Ismaïl Ier, fondateur de la dynastie des Safavides

Chah Ismaïl Ier, fondateur de la dynastie des Safavides

Chah Ismaïl Ier Safavide (r. 1501-1524)

Chah Ismaïl Ier fut le fondateur de la dynastie des Safavides en Iran et l’une des figures les plus influentes de l’histoire du pays. Né en 1487, il prit le pouvoir en 1501 à l’âge de 14 ans, après avoir mené une campagne militaire réussie contre les Ak Koyunlu, une tribu turcomane qui dominait la région. En se proclamant Chah d’Iran, il établit le chiisme duodécimain comme religion d’État, un changement majeur qui a façonné l’identité religieuse et politique de l’Iran jusqu’à aujourd’hui.

Sous son règne, Ismaïl unifia de vastes régions de la Perse, incluant l’Azerbaïdjan, le Fars, l’Irak persan, et une partie du Caucase. Il était non seulement un chef militaire redoutable, mais aussi un chef spirituel, étant le leader de l’ordre soufi des Safavides. Son autorité religieuse, combinée à ses compétences militaires, lui permit de consolider rapidement le pouvoir et de créer un empire durable.

Ismaïl est également connu pour avoir encouragé les arts et la culture persane. Son règne a marqué le début d’une ère de renaissance artistique et culturelle, notamment dans les domaines de la poésie, de la calligraphie et de la peinture miniature.

Son règne fut marqué par des conflits avec l’Empire ottoman, notamment lors de la bataille de Tchaldiran en 1514, où les Safavides furent vaincus. Néanmoins, Ismaïl resta une figure centrale de l’histoire iranienne, et son héritage perdure à travers la consolidation du chiisme en Iran et la fondation de l’empire safavide.

 

Qui étaient les Qizilbash ?
Le groupe Qizilbash s’est formé à partir de plusieurs groupes turcs chiites vivant en Azerbaïdjan (nord-ouest de la Perse) au XVe siècle. Ces groupes étaient opprimés par les Turcs ottomans lors des premières années de l’Empire ottoman. Au XVe siècle, Sheikh Heydar, un chef spirituel charismatique de la famille Safavide, attira un grand groupe de fidèles chiites en Azerbaïdjan. Les plus fidèles de ses partisans turcs, appelés « Qizilbash », signifiant « chapeaux rouges », devinrent des guerriers réputés pour l’Empire safavide. Ils pouvaient mobiliser jusqu’à 70 000 cavaliers armés. Certains devinrent des mercenaires, mais la majorité soutenait les shahs safavides dans leurs luttes contre les Turcs sunnites ottomans et ouzbeks. Après la mort de Sheikh Heydar en 1488 lors d’une bataille, une guerre civile éclata en Azerbaïdjan. En 1501, le fils de Heydar, Esmaïl, fonda la dynastie safavide et conquit la majeure partie de ce qui est aujourd’hui l’Iran. Shah Esmaïl répandit le chiisme duodécimain (la croyance en douze Imams) à travers la Perse, religion qui reste dominante en Iran aujourd’hui.

Avec la prise de l’Azerbaïdjan, Esmaïl, à peine âgé de 15 ans, inaugura le règne politique safavide en 1501 en se proclamant roi à Tabriz, en faisant frapper des monnaies à son nom et en déclarant la ville sa capitale.

En août 1514, Esmaïl subit une défaite majeure à Tchaldiran face à son rival sunnite turc, le sultan ottoman Selim Ier. Par la suite, la lutte continue contre les sunnites—les Ottomans à l’ouest et les Ouzbeks au nord-est—coûta aux Safavides le Kurdistan, Diyarbakır et Bagdad, tandis que Tabriz fut continuellement menacée. L’Iran s’affaiblit considérablement sous le règne du fils aîné d’Ismaïl, Shah Tahmasp Ier (1524-1576), et les incursions incessantes et non opposées des Turkmènes dans le pays augmentèrent sous ses successeurs incompétents.

 

bataille de TchaldiranLe palais de Chehel Sotoun à Ispahan, en Iran, abrite une peinture célèbre représentant la bataille de Tchaldiran, une œuvre monumentale qui illustre l’affrontement entre les armées safavide et ottomane en 1514. Cette fresque, située dans l’une des grandes salles de réception du palais, met en scène la bataille avec une richesse de détails, capturant la bravoure des cavaliers Qizilbash et la supériorité militaire des Ottomans, symbolisée par leur utilisation de l’artillerie.La scène est dynamique et colorée, avec des figures héroïques chevauchant des chevaux, des guerriers en armure, et des détails des uniformes et des drapeaux des deux camps. Shah Ismaïl Ier est souvent dépeint au centre de la composition, combattant courageusement malgré la défaite imminente. Les contrastes entre la discipline ottomane et l’élan des forces safavides sont clairement visibles, reflétant le caractère décisif de cette bataille dans l’histoire de l’Iran.

 

La bataille de Tchaldiran

Au début du XVIe siècle, deux empires se disputaient l’est de la Turquie, l’Irak et la Grande Syrie. D’un côté, il y avait l’Empire ottoman, installé à l’ouest de la Turquie et à Constantinople (actuelle Istanbul). De l’autre côté, l’Empire safavide, dirigé par Shah Ismaïl, qui commença une série de conquêtes en Azerbaïdjan et dans le nord-ouest de l’Iran. Neuf ans plus tard, Shah Ismaïl avait conquis tout le plateau iranien ainsi que Bagdad. L’expansion soudaine de l’Empire safavide constituait une menace sérieuse pour les Ottomans, poussant le sultan Selim Ier à affronter les Safavides.

Les troupes ottomanes réprimèrent les tribus turcomanes de l’est de la Turquie et atteignirent Tchaldiran, où les Safavides et les Ottomans s’affrontèrent le 23 août 1514. Les Ottomans remportèrent la bataille grâce à leur supériorité en matière de technologie d’artillerie, et cette victoire renforça leur domination au Kurdistan et en Irak. Les Safavides, qui s’appuyaient largement sur la cavalerie et faisaient un usage minimal de l’artillerie, furent stupéfaits par leur défaite.

Cependant, le point important est que la bataille de Tchaldiran eut un impact majeur sur la formation du Moyen-Orient moderne. La défaite des Safavides à Tchaldiran empêcha l’établissement d’un vaste empire dans cette région, car ils ne purent prendre le contrôle de l’est de la Turquie et de l’Irak. Cet événement contribua à la formation des frontières actuelles entre l’Iran, la Turquie et l’Irak.

 

l’âge d’or de l’Empire safavide

Le règne de Shah Abbas Ier, de 1588 à 1629, est souvent considéré comme l’âge d’or de l’Empire safavide. Shah Abbas Ier mit en œuvre une série de réformes qui renforcèrent l’armée, l’économie et l’administration centrale. Il transféra la capitale à Ispahan, transformant cette ville en un véritable centre culturel, architectural et commercial. Sous son règne, l’empire connut une croissance sans précédent du commerce, notamment le long de la route de la soie, et un épanouissement des arts. Ispahan devint alors l’une des villes les plus belles et les plus prospères du monde.

Les réformes et le soutien de Shah Abbas aux arts et au commerce marquèrent cette période comme une époque de prospérité et de rayonnement culturel pour l’Iran.

Le règne de Shah Abbas Ier, de 1588 à 1629, est souvent considéré comme l’âge d’or de l’Empire safavide. Shah Abbas Ier mit en œuvre une série de réformes qui renforcèrent l’armée, l’économie et l’administration centrale. Il déplaça la capitale à Ispahan, la transformant en un centre culturel, architectural et commercial. Sous son règne, l’empire connut une croissance sans précédent du commerce, notamment le long de la route de la soie, ainsi qu’un véritable essor des arts, faisant d’Ispahan l’une des plus belles villes du monde.

 

Shah Abbas Ier (r. 1588-1629)

En 1588, Abbās Ier (le Grand) fut couronné. Conscient des limites de sa force militaire, Shah Abbas conclut la paix avec les Ottomans à des conditions exceptionnelles en 1590, et dirigea ensuite ses attaques contre les Ouzbeks. Après quelques échecs, Abbas engagea une réforme majeure de l’armée. La puissance des « Qizilbash » fut réduite, tandis que l’utilisation des armes à feu fut considérablement augmentée. Le jeune roi équipa l’armée iranienne d’artillerie et de fusils avec l’aide des frères Shirley, des conseillers militaires britanniques, et retira aux Qizilbash efféminés leur rôle de commandement.

Trois corps de troupes furent formés, tous entraînés et armés selon les standards modernes de l’époque et payés par le trésor royal : les Ghulāms (esclaves), les Tofang-chīs (mousquetaires) et les toop-chīs (artilleurs). Avec cette nouvelle armée, ʿAbbās battit les Turcs en 1603, les forçant à céder tous les territoires qu’ils avaient saisis, et captura Bagdad. Il expulsa également les marchands portugais qui avaient pris l’île de Hormuz dans le golfe Persique au début du XVIe siècle.

Ce règne est marquant pour avoir consolidé la puissance safavide tout en jetant les bases d’un empire prospère, fortifié par une armée moderne et une croissance commerciale et culturelle sans précédent.

Shah Abbas le grand

Shah Abbas le grand

 

Le règne remarquable de Shah Abbas, marqué par des succès militaires impressionnants et un système administratif efficace, éleva l’Iran au rang de grande puissance. Le commerce avec l’Occident et l’industrie se développèrent, tandis que les communications s’améliorèrent. Il déplaça la capitale de Qazvin à Ispahan, qu’il transforma en centre de l’accomplissement architectural safavide, comme en témoignent la mosquée du Shah (appelée Masjed-e Imam après la Révolution iranienne de 1979), la mosquée Sheikh Lotfollah, ainsi que d’autres monuments emblématiques tels que l’Aalī Qāpū, le palais de Chehel Sotoon et la place Naqsh-e Jahan. Malgré le zèle chiite des Safavides, les chrétiens étaient tolérés, et plusieurs missions et églises furent construites dans le quartier de Julfa à Ispahan. Il ordonna également la construction de plus de 1 000 caravansérails le long de la route de la soie.

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Remplacement de la capitale

En 1598, Abbas le Grand déplaça la capitale safavide d’Ispahan depuis Qazvin, qui avait elle-même succédé à Tabriz, située à la frontière ottomane, cinquante ans plus tôt. Ispahan, située au centre de la Perse, était moins vulnérable aux attaques que Tabriz ou Qazvin. Abbas embellit Ispahan, qui avait également été la capitale seldjoukide des siècles auparavant. Sous Abbas, Ispahan devint l’une des plus grandes villes du monde.

Économie iranienne sous Abbas Ier
En 1598, Ispahan fut choisie comme nouvelle capitale de l’Iran sur ordre de Shah Abbas. Dans le but de centraliser la capitale, il y installa le gouvernement safavide, dans le cadre de son plan plus vaste visant à sortir le pays de la crise dans laquelle il était plongé. Pour restaurer l’économie nationale, Abbas invita des commerçants étrangers et conclut des accords commerciaux avec plusieurs États européens. En plus de vastes projets de construction urbaine, son gouvernement soutint les artistes, finança la production de tapis et de textiles dans des ateliers d’État, et fit venir 300 potiers chinois avec leurs familles en Iran pour capitaliser sur la vogue des céramiques chinoises. Il invita également les Arméniens (qui subissaient les effets de la guerre ottomano-safavide de 1603-1618) et les installa dans le quartier de New Julfa à Ispahan. Ces derniers contrôlaient une grande partie du commerce international de la soie en Perse, et le roi leur accorda le monopole des exportations de soie. Abbas créa également une nouvelle armée permanente pour protéger les frontières et les routes des caravanes, rétablissant ainsi la stabilité dans le pays et rassurant les commerçants, ce qui facilita les investissements en Iran.

Carte de l’Empire safavide

Carte de l'Empire safavide

Les Safavides ont régné de 1501 à 1736. À leur apogée, ils dominaient l’ensemble de l’actuel Iran, la République d’Azerbaïdjan, Bahreïn, l’Arménie, l’est de la Géorgie, des parties du Caucase du Nord, l’Irak, le Koweït, l’Afghanistan, ainsi que des parties de la Turquie, de la Syrie et du Pakistan.

Drapeau de l’Empire safavide

Le drapeau de l’Empire safavide évolua au fil du temps, mais il présentait toujours des éléments reflétant l’identité persane de l’empire et la foi musulmane chiite. L’un des drapeaux les plus reconnus de l’Empire safavide était un drapeau vert, symbolisant l’islam. Ce drapeau incluait souvent le motif du « Lion et du Soleil », qui possède des racines profondes dans la culture persane. Le lion représentait la force et le courage, tandis que le soleil symbolisait la royauté et la divinité.

Drapeau de l'Empire safavide

 

Chute de la Dynastie safavide

Après la mort de Shah Abbas le Grand en 1629, ses successeurs régnèrent pendant environ un siècle. Cependant, à l’exception d’une période sous le règne de Shah Abbas II (1642-1666), cette époque fut marquée par un déclin progressif.

À la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, l’Empire safavide commença à se désintégrer. La paix établie avec l’Empire ottoman réduisit le besoin de forces militaires puissantes, ce qui entraîna une fragmentation accrue de l’empire. De plus, les souverains qui se succédèrent au pouvoir devinrent de plus en plus incompétents. Sous le règne de Shah Soleiman, qui gouverna de 1667 à 1694, la famine et les épidémies se répandirent à travers le pays. Son successeur, Shah Sultan Hossein (r. 1694-1722), fut la principale cause de la chute de l’Empire safavide. Il nomma un membre de l’établissement religieux chiite, Mohammad Baqir Majlesi, à des postes de haute responsabilité. Majlesi et certains membres du clergé chiite prirent progressivement le contrôle de l’empire et renversèrent le régime. Le règne de Sultan Hossein fut relativement pacifique jusqu’à ce qu’il fasse face à une révolte majeure en Afghanistan, dans la partie la plus orientale de son royaume.

Ce déclin politique et administratif, combiné aux troubles internes et aux conflits régionaux, affaiblit considérablement l’Empire safavide, conduisant finalement à sa chute et à l’émergence de nouvelles dynasties et puissances dans la région.

 

Shah Sultan Hossein VS Mahmud Afghan, Fall of Safavids Left: Shah Sultan Hossein Safavide | À droite : Roi Mahmoud Afghan

À cette époque, les Afghans étaient divisés en deux grandes tribus : les Ghilzai et les Abdali. En 1709, les Afghans Ghilzai de Qandahar, dirigés par leur chef Mirwais, se rebellèrent et parvinrent à rompre le joug safavide. En 1722, le fils de Mirwais, Mahmoud, et son armée avancèrent vers l’ouest avec pour objectif la capitale iranienne, Ispahan. Le roi fut encouragé à fuir vers les provinces voisines pour rassembler davantage de troupes, mais il décida de rester dans la capitale, désormais encerclée par les Afghans. Le siège d’Ispahan par Mahmoud dura de mars à octobre 1722. La famine et les épidémies contraignirent finalement Ispahan à se soumettre (on estime que 80 000 habitants moururent pendant le siège). Le 23 octobre, Sultan Hossein abdiqua et remit la couronne à Mahmoud Afghan en tant que nouveau shah de Perse. En même temps, les Ottomans et le tsar Pierre le Grand commencèrent à saisir des territoires en Iran, et l’Empire safavide prit fin en 1736.

Sept ans après la chute d’Ispahan aux mains des Ghilzai Afghans de Qandahar, le fils de Sultan Hussein, Tahmasb II, reprit Ispahan et monta sur le trône, pour être déposé en 1732 par son général d’armée, Nader Gholī Beig (futur Nadir Shah Afshar).

Art safavide

En Iran, les œuvres d’art étaient généralement commandées par la famille royale et les personnes des classes sociales supérieures, ce qui contribua à leur floraison. Les rois safavides étaient également de grands amateurs d’art, et certains d’entre eux, comme Shah Tahmasb Ier et le prince Sam Mirza, étaient eux-mêmes des artistes accomplis et tenaient l’art en haute estime. Les Safavides héritèrent souvent de l’art des Timourides, notamment en ce qui concerne la peinture. L’illustration des manuscrits était particulièrement prisée sous le patronage royal. Tahmasb, formé à la peinture dès son jeune âge, fut un patron actif des arts du livre. Sous son règne, un des aspects de l’art de la peinture, à savoir l’art de la miniature, atteignit la perfection, et le roi lui-même passa beaucoup de temps à l’apprendre. La plupart des artistes éminents de cette époque étaient considérés comme des amis du roi ou de ses courtisans. Shah Tahmasb était également très habile en Tazhib, l’art de la décoration des manuscrits.

Comparaison avec d’autres empires islamiques

L’Empire safavide est souvent comparé à ses contemporains, les empires ottoman et moghol. Bien que ces trois empires fussent islamiques et partageassent des similitudes en matière de gouvernance, de culture et d’organisation militaire, les Safavides se distinguaient par l’établissement du chiisme comme religion d’État. Cette distinction religieuse a marqué l’Empire safavide, le différenciant de ses voisins sunnites et jouant un rôle clé dans la formation de son identité et de ses politiques.

art safavide

Le souverain le plus distingué des Safavides et le plus grand mécène des arts fut Shah Abbas Ier. Son règne est reconnu comme une période de réformes militaires et politiques ainsi que de floraison culturelle. Bien que Shah Abbas ne fût pas particulièrement attaché à la peinture, il accorda une grande attention à l’architecture et à l’urbanisme. En termes de caractéristiques techniques, l’art de la peinture changea sous le règne safavide. Par exemple, au lieu de représenter des héros et des mythes, une grande attention fut accordée à la représentation des aspects de la vie quotidienne des gens ordinaires.

 

Les Tapis Safavides

Le sommet du design et de la production de tapis persans fut véritablement atteint sous l’Empire safavide (1502-1739). Cela résulta d’une confluence unique de mécénat royal, de l’influence des designers de cour à tous les niveaux de la production artistique, de la disponibilité étendue de matériaux locaux et importés tels que des teintures de haute qualité, et de l’acceptation du marché, en particulier en Europe.

Bien qu’il ne reste presque aucun exemple de textile persan du XVe siècle, le niveau élevé de qualité atteint au début de la période safavide peut être confirmé par les voyageurs étrangers qui visitèrent l’Iran à l’époque safavide. D’autre part, l’émergence des tapis dans les peintures iraniennes du XVe siècle suggère qu’une industrie de tissage de tapis développée existait déjà au siècle précédent l’arrivée des Safavides au pouvoir. Les tapis safavides survivants représentent à la fois la production de cour (tapis fabriqués selon les normes de la cour mais pas nécessairement utilisés à la cour) et la production commerciale, qui reflète souvent les goûts de la cour. Les tapis étaient tissés dans des ateliers de palais et sur des métiers urbains et villageois. Aucun exemple de tapis nomades ne subsiste de l’époque safavide, mais de tels tapis existaient sûrement bien avant que les intérêts de la cour et commerciaux ne suscitent une industrie urbaine.

 

Tapis d'ArdabilThe Ardabil Carpet (1539), Victoria and Albert Museum, London. 

 

 

Chronologie de l’Empire Safavide

〇 ISMAIL I
1501-1524
Établissement de l’empire

〇 Bataille de Chaldiran
1514
Défaite de l’Iran

〇 TAHMASP I
1524-1576

〇 Les Ottomans capturent Bagdad
1533

〇 ISMAIL II
1576-1578

〇 SULTAN MOHAMMAD
1533

〇 ABBAS I
1588-1629
Ispahan choisie comme capitale

〇 SAFI I
1629-1642

〇 ABBAS II
1642-1666

〇 SULEIMAN I
1666-1694

〇 SULTAN HOSSEIN
1694-1722

〇 INVASION AFGHANE
1722
Ispahan capturée

〇 TAHMASP II
1722-1732

〇 TAHMASP II déposé
1732
par Nader Gholi

〇 ABBAS III
1732-1736
Nader règne comme Régent

〇 NADER
1736
Fin de l’Empire Safavide

 

 

Empire Safavide – FAQ

Pourquoi l’Empire Safavide est-il célèbre ?
L’Empire Safavide, qui a régné sur la Perse (l’Iran actuel) de 1501 à 1736, est célèbre pour plusieurs aspects clés : l’établissement du chiisme comme religion d’État, l’épanouissement culturel, sa puissance militaire, ses échanges commerciaux et diplomatiques, ainsi que ses réalisations architecturales.

Pourquoi les Ottomans détestaient-ils les Safavides ?
Les deux empires étaient les plus grandes puissances de l’Asie occidentale. Les Ottomans avaient plusieurs raisons pour leur hostilité envers les Safavides, basée sur des différences religieuses (les Ottomans étant sunnites et les Safavides chiites duodécimains), des rivalités territoriales (en Mésopotamie et Anatolie orientale), et des luttes de pouvoir pour dominer le monde islamique.

Quelle est la signification de la bataille de Chaldiran ?
La bataille de Chaldiran en 1514 était un conflit crucial entre les empires Safavide et Ottoman. Elle marqua le début d’une longue rivalité et établit les frontières entre les deux. Bien que vaincus, les Safavides ont montré une résilience militaire importante.

Comment les Safavides ont-ils contribué à la culture persane ?
L’Empire Safavide a marqué un âge d’or pour l’art, l’architecture et la culture persane. Ils ont encouragé le développement de la littérature, des arts visuels et de l’architecture persane, laissant des monuments emblématiques comme la mosquée du Shah à Ispahan.

Quel rôle Ispahan a-t-elle joué dans l’Empire Safavide ?
Sous Shah Abbas I, Ispahan devint la capitale de l’Empire. La ville fut transformée en un centre culturel et économique, réputé pour son architecture impressionnante. Sa grandeur symbolisait la richesse et les réalisations artistiques de l’empire.

Pourquoi l’Empire Safavide a-t-il décliné ?
Le déclin de l’Empire Safavide fut causé par des troubles internes, une direction faible, des problèmes de succession, et des pressions extérieures, notamment des Ottomans et des envahisseurs afghans. Ces facteurs ont conduit à la chute de l’empire au début du XVIIIe siècle.

Comment l’Empire Safavide a-t-il influencé l’Iran moderne ?
L’établissement du chiisme duodécimain comme religion d’État a profondément façonné l’identité nationale et religieuse de l’Iran. Les réalisations culturelles et architecturales de l’époque safavide continuent d’influencer la société iranienne moderne et son patrimoine.