Le temple du feu zoroastrien est un lieu sacré où les fidèles accomplissent leurs prières en présence du feu, un élément central dans leur rituel religieux. Dans l’ancienne Iran, il était de coutume que le chef de famille maintienne un feu sacré allumé à tout moment dans son foyer, et cette pratique s’est progressivement transformée en une tradition religieuse. Ainsi, garder le feu allumé est devenu un symbole important du culte zoroastrien.
Dans les temples du feu zoroastriens, le feu n’est pas vénéré en tant qu’entité divine en soi, mais plutôt en raison de ses qualités symboliques. Le feu est vu comme un élément représentant le dynamisme, la chaleur, la protection et la transformation, des caractéristiques qui sont liées aux puissances divines. Le feu, étant un élément purificateur et lumineux, incarne l’énergie divine et joue un rôle clé dans le maintien de l’ordre cosmique selon la tradition zoroastrienne.
Les temples du feu sont donc des lieux où le feu est entretenu avec un grand respect, souvent dans un grand foyer central, et où les prêtres effectuent des rites et des prières en sa présence. Ces temples sont considérés comme des symboles de la lumière divine qui guide les croyants vers la vérité et la justice.

Temple du feu de Yazd
Philosophie de la construction d’un temple du feu
En particulier le feu, que les zoroastriens considèrent comme un véhicule de pureté divine. Avant l’avènement de l’islam, le zoroastrisme était la religion dominante en Iran. Aujourd’hui encore, il demeure l’une des religions officielles de l’Iran, avec une communauté fidèle qui suit les enseignements de Zoroastre (ou Zaratushtra, également appelé Ashu Zartosht), son prophète.
Le zoroastrisme met l’accent sur la pureté et l’équilibre cosmique, et selon le « Avesta« , leur livre sacré, les quatre éléments — le feu, l’air, l’eau et la terre — sont considérés comme des éléments purs, essentiels à l’harmonie de l’univers et à la création. Ces éléments sont perçus non seulement comme des éléments physiques mais aussi comme des symboles de la divinité, porteurs de l’énergie divine qui doit être respectée et honorée.
Les temples du feu étaient donc conçus pour être des lieux où ces éléments, et en particulier le feu, pouvaient être vénérés dans leur pureté. Les zoroastriens cherchaient à établir ces temples dans des lieux naturels particuliers, en harmonie avec leur environnement. Ainsi, les temples du feu étaient souvent construits près des rivières, des sources d’eau ou de la mer, des lieux associés à la pureté, à la régénération et à la fertilité de la terre. Cette proximité avec l’eau et la terre symbolisait un respect profond de la nature et de ses éléments sacrés.
Le feu, dans ce contexte, était non seulement un symbole de lumière et de chaleur, mais aussi un moyen de purifier l’âme humaine et de maintenir l’ordre divin. Par conséquent, les temples du feu étaient des espaces sacrés où l’on entretenait un feu sacré, symbole de la présence de la divinité sur terre. Cette tradition a influencé non seulement la conception architecturale des temples, mais aussi la pratique religieuse zoroastrienne, qui voit dans le feu un moyen de communiquer avec le divin et de maintenir la pureté cosmique.

Aperçu des temples du feu zoroastriens
Les temples du feu zoroastriens sont généralement construits en forme de bâtiment quadrangulaire avec quatre portes voûtées, et souvent surmontés d’un dôme. Certains dômes étaient en briques, tandis que d’autres comportaient des rangées de pierres. Ces bâtiments, appelés « Chahar Taghi » (à quatre arcs), comportaient parfois un bassin ou une cuve pour les ablutions devant le temple, ainsi que des espaces annexes comme des écoles, observatoires ou hôpitaux. Le feu sacré était initialement conservé sous le dôme central, mais au fil du temps, il a été déplacé dans une pièce latérale.
Les temples du feu, bien que variant légèrement dans leur structure, suivent un plan architectural similaire. Par exemple, le temple du feu de Char Qapi à Qasr-e Shirin comportait des couloirs et des espaces clos, dont certains sont aujourd’hui en ruines.
En raison du caractère sacré du feu, son entretien nécessitait des conditions spéciales. Les zoroastriens interdisent de souffler sur le feu, et il est réservé aux prêtres qui en prennent soin. Le feu est gardé dans des espaces fermés, souvent à l’abri de la lumière directe du soleil, pour préserver sa pureté. En Inde, les temples du feu sont souvent entourés de murs en treillis.

Les matériaux de construction des temples du feu étaient principalement la pierre, mais des briques et de la boue étaient également utilisées dans les régions difficiles d’accès. Les pierres utilisées pour les colonnes pouvaient atteindre jusqu’à sept mètres, et le toit était souvent en pierre ou en bois, selon les ressources disponibles.
L’essence du Temple du Feu réside dans la flamme éternelle qui vacille entre ses murs. Allumée il y a des siècles, cette flamme continue de brûler comme un symbole perpétuel du divin. On croit que la flamme éternelle incarne Ahura Mazda, la divinité suprême du zoroastrisme, et sert de phare sacré, guidant les fidèles vers la droiture et l’illumination.
Le Rituel du Temple du Feu
- Ablutions et Purification : Purifier l’Âme
Avant d’entrer dans l’enceinte sacrée du Temple du Feu, les fidèles participent à un rituel d’ablutions et de purification. Cette purification physique reflète la purification de l’âme, préparant ainsi les individus à se tenir en présence du divin. L’eau, symbole de pureté, est utilisée pour nettoyer les mains, le visage et les pieds, permettant aux dévots de s’approcher de la flamme sacrée avec révérence et préparation spirituelle.
- La Danse des Offrandes : Une Tapisserie de Dévotion
À l’intérieur du Temple du Feu, les fidèles participent à la danse envoûtante des offrandes. Revêtus de vêtements traditionnels, les adorateurs présentent diverses offrandes à la flamme éternelle, telles que de l’encens parfumé, des fleurs fraîches et du bois de santal pur. Cette danse, complexe et symbolique, n’est pas seulement un acte physique, mais une expression de dévotion et de gratitude, chaque offrande représentant un lien entre le mortel et le divin.
- Le Chant de la Prière : Harmonie avec le Sacré
Alors que les flammes éthérées dansent en harmonie, les prières résonnent dans les salles sacrées du Temple du Feu. Les chants rythmiques et les invocations vibrent dans l’air, portant les espoirs, les rêves et les supplications des fidèles. À travers ces versets anciens, les croyants cherchent guidance divine, protection et illumination, établissant ainsi un lien spirituel profond avec Ahura Mazda et les forces cosmiques du bien.
Dans le zoroastrisme, le feu représente la vie éternelle et l’immortalité. La nature perpétuelle des flammes sacrées reflète l’existence éternelle de l’âme. Tout comme la flamme ne s’éteint jamais, on croit que l’âme transcende les limites de la mortalité, entamant un voyage éternel. Le Temple du Feu devient ainsi un lieu sacré où les individus contemplent la nature éternelle de leur existence, cherchant réconfort et assurance face à la mortalité
Histoire des temples du feu
La date exacte du début de la construction des temples du feu en Iran reste inconnue. Les archéologues n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une estimation précise. Cependant, le célèbre archéologue français André Godard suggère que, dès l’introduction du zoroastrisme en Iran, il existait déjà des religions comme le mazdéisme, et que des temples du feu étaient présents dans toutes les grandes villes de l’époque. Cette hypothèse est largement acceptée par la plupart des chercheurs. En outre, les plus anciens temples du feu encore documentés en Iran datent de la période parthe (vers 200 av. J.-C.), tandis que la majorité des temples du feu ont été construits sous la domination sassanide (224-651 apr. J.-C.).
Temples du feu en Iran
Avant l’arrivée de l’islam en Iran, de nombreux temples du feu étaient dispersés à travers le pays. Cependant, après la conversion progressive à l’islam, leur nombre a diminué de manière significative. Dans certains cas, des mosquées ont été construites sur les ruines des temples du feu zoroastriens, et ceux qui ont survécu ont été gravement endommagés par le temps et les conditions naturelles. Malgré cela, plusieurs temples du feu bien conservés peuvent encore être visités aujourd’hui en Iran. Parmi les plus célèbres, on trouve le temple du feu d’Atashgah à Isfahan, la mosquée de Sarmasjed au Khuzestan, le Takht-e Rostam à Téhéran, Kirkouk dans le Sistan et le Baloutchistan, ainsi que le temple du feu de Bahram à Yazd, dont le feu est toujours allumé depuis 1500 ans.
Après la conversion des Iraniens à l’islam, plusieurs temples du feu ont subsisté pendant des siècles, malgré le déclin progressif du nombre de zoroastriens. Certains ont émigré en Inde, tandis que d’autres temples ont été transformés en mosquées, et d’autres encore ont sombré dans les ruines. Parmi les temples du feu convertis en mosquées, on peut citer la mosquée Jame d’Isfahan et la mosquée d’Ardestan. Ces transformations témoignent de l’évolution religieuse et culturelle de l’Iran, tout en conservant des traces du passé zoroastrien dans l’architecture et les pratiques religieuses.
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Temple du Feu Azar Gashnasb
Situé dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, à environ 45 km au nord-est de Takab, Azar Gashnasb est l’un des plus grands et des plus célèbres temples du feu du plateau iranien. Ce temple se trouve sur le site antique de Takht-e Soleyman, près du lac Chichast, et était l’un des temples du feu les plus vénérés de l’ancienne Iran à l’époque sassanide. Les zoroastriens estiment qu’il a plus de 3000 ans, et certaines sources mentionnent que sa construction aurait été initiée par Key Khosrow, fils de Siavash (rois mythiques). Autour de ce temple se trouvaient de nombreux palais magnifiques.
2
Temple du Feu Azar Barzin Mehr
Situé dans la ville de Sabzevar, Azar Barzin Mehr est l’un des trois temples du feu les plus sacrés d’Iran. Les sources existantes attribuent sa construction à l’époque de Zoroastre. Selon les croyances mythologiques des anciens Iraniens, il existe cinq types de feux sacrés, dont l’un est le feu de Barzin Mehr. Le nom de ce temple antique est mentionné dans le poème épique persan du Shahnameh. Il est également rapporté que le feu a été apporté de la ville de Tus, dans la région du Khorasan, et placé dans le temple.
3
Temple du feu d’Atashgah à Isfahan
Le temple du feu d’Atashgah est situé à l’ouest d’Isfahan, sur la route Isfahan-Najafabad. Il se trouve à proximité du Minar Jonban, sur une colline rocheuse élevée. Ce temple était l’un des sept grands temples du feu de l’Iran durant l’ère sassanide sous le règne de Khosrow. Le bâtiment possède une grande cheminée ronde équipée de plusieurs évents. Il est construit avec des matériaux tels que des briques crues en argile, de la boue, des cailloux et des roseaux provenant des rives du Zayandehrud. Le temple repose sur de solides fondations en briques, et des colonnes robustes soutiennent la structure, avec des pièces autrefois situées au sommet. Au sommet de la colline, un bâtiment rond à huit coins se dresse, avec une fenêtre dans chaque coin.
4
Temple du feu Takht-e Rostam à Téhéran
Le temple du feu de Takht-e Rostam est situé à Téhéran, en Iran, et fait partie des sites historiques de la région. Ce temple du feu, datant de l’époque sassanide, est un exemple remarquable de l’architecture religieuse zoroastrienne. Il est construit sur une colline, offrant ainsi une vue imprenable sur les environs. Le temple a été dédié au culte du feu, symbole de pureté et de divinité dans la religion zoroastrienne. Bien que le site ait subi des dommages au fil du temps, il reste un lieu important pour les amateurs d’histoire et les pratiquants de la foi zoroastrienne. Le temple a également un rôle dans la préservation des traditions culturelles et religieuses iraniennes.
5
Temple du feu de Bahram à Yazd
Le temple du feu de Bahram, situé à Yazd, est l’un des temples zoroastriens les plus célèbres et les mieux préservés d’Iran. Ce temple abrite un feu sacré qui brûle depuis plus de 1500 ans, un symbole de la pureté divine dans la tradition zoroastrienne. Il est dédié à Bahram, le dieu de la victoire et de la guerre dans la mythologie zoroastrienne. Le temple est construit dans un style architectural traditionnel, avec un dôme caractéristique et un foyer central où le feu sacré est entretenu avec soin. Le temple de Bahram est un lieu de culte important pour les zoroastriens et un site historique majeur à Yazd, attirant à la fois les fidèles et les visiteurs intéressés par l’histoire religieuse de l’Iran.
6
Temple du feu de Kirkouk a Sistan et Baloutchistan
Le Temple du Feu de Kirkouk se trouve dans la province de Sistan-et-Baloutchistan, au sud-est de l’Iran. Ce site historique est un exemple de l’architecture zoroastrienne, avec un autel du feu symbolisant la lumière divine. Il témoigne de l’importance du Zoroastrisme dans cette région de l’Iran antique. Bien que moins connu que d’autres temples du feu, il reflète la pratique religieuse des anciennes civilisations perses. Aujourd’hui, il reste un lieu d’intérêt pour les passionnés d’histoire et d’archéologie.
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