La Route de la Soie était un vaste réseau de routes commerciales, terrestres et maritimes, qui reliait l’Est et l’Ouest depuis l’Antiquité. Partant de la Chine, ces itinéraires traversaient l’Asie centrale, l’Iran, le Moyen-Orient, jusqu’à atteindre l’Europe. Elle est considérée comme l’un des réseaux commerciaux les plus emblématiques de l’histoire mondiale.

Bien au-delà de l’échange de marchandises telles que la soie, les épices, l’or, l’argent ou encore la porcelaine, la Route de la Soie jouait un rôle fondamental dans la circulation des idées, des connaissances, des croyances religieuses et des innovations technologiques. Elle a ainsi favorisé un dialogue unique entre des civilisations très diverses, de l’Empire chinois à l’Empire romain, en passant par les cultures persanes, arabes, indiennes et européennes.

 

Chameaux Bactriens sur la Route de la Soie

 

La Route de la Soie ne se résume donc pas à un simple itinéraire commercial ; elle est le symbole d’un monde ancien déjà profondément interconnecté. Ce réseau millénaire a posé les fondations des échanges globaux, prouvant que le commerce peut aussi être un puissant vecteur de culture, de savoir et de paix.

 

Brève histoire de la Route de la Soie

La Route de la Soie est un ancien réseau de routes commerciales reliant la Chine à l’Occident. Elle a été initiée au 2e siècle avant J.-C. par le diplomate chinois Zhang Qian, sous la dynastie Han. Elle servait principalement à l’exportation de la soie, un produit très prisé, d’où son nom.

Durant la dynastie Han orientale, des envoyés comme Ban Yong et Ban Chao ont sécurisé ces routes pour assurer la paix et le commerce. La Route de la Soie a connu son apogée sous la dynastie Tang (7e–9e siècle), période de grande prospérité économique et d’échanges culturels intenses entre l’Orient et l’Occident.

 

Dynastie Han

La dynastie Han (chinois : 漢朝 ; pinyin : Hàncháo) a régné sur la Chine de 206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.. Il s’agit de la deuxième dynastie impériale de l’histoire chinoise, succédant à la brève mais marquante dynastie Qin, et précédant la période des Trois Royaumes (220–280 apr. J.-C.). Durant cette longue ère, la Chine a connu une importante expansion territoriale, un développement commercial significatif, ainsi qu’un essor des courants philosophiques et religieux tels que le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme.

 

Faits marquants sur la dynastie Han

✔ L’empire Han a été fondé par Liu Bang, un ancien paysan devenu chef rebelle, connu à titre posthume sous le nom de l’empereur Gaozu.

✔ La dynastie Han est divisée en trois périodes :

  • Han occidentaux (206 av. J.-C. – 9 apr. J.-C.)
  • Dynastie Xin (9 – 23 apr. J.-C.), une interruption éphémère sous Wang Mang
  • Han orientaux (25 – 220 apr. J.-C.)

✔ Le commerce de la soie a prospéré sous les Han, donnant naissance à la célèbre Route de la Soie.

✔ L’empire Han était comparable à l’Empire romain en termes de taille et de population.

✔ Le bouddhisme Mahāyāna, courant majeur du bouddhisme originaire du nord de l’Inde, a été introduit en Chine pour la première fois durant cette période.

 

Petite statue de la dynastie Han

 

 

De nombreux historiens rapportent que le géographe allemand Ferdinand von Richthofen a été le premier à utiliser le terme « Route de la Soie » (Seidenstraße, en allemand) en 1877. Cette appellation faisait référence au commerce intense de la soie chinoise, qui transitait par cet axe reliant la Chine aux régions méditerranéennes. Le nom suggère un réseau complexe de routes commerciales reliant l’Extrême-Orient à l’Europe, existant depuis le Ve siècle avant J.-C.

Cependant, l’historien britannique Malcolm Colledge (et non « College ») a proposé une autre origine, affirmant que la dynastie parthe en Iran, sous le règne de Mehrdad II, avait établi les premières formes structurées de cette route.

Ces deux théories peuvent toutefois être remises en question. En effet, des sites archéologiques préhistoriques iraniens comme la colline de Shahrood Chakmak, Tepe-Hessar à Damghan, Cheshmeh Ali, ou encore Tepe-Sarab à Kermanshah, indiquent que des voies d’échanges existaient bien avant ces périodes. Ces découvertes suggèrent que les civilisations préhistoriques avaient déjà saisi l’importance stratégique et commerciale de ces axes de circulation.

En conclusion, la Route de la Soie, bien que nommée tardivement, possède une histoire bien plus ancienne que ce que l’on pensait auparavant, enracinée dans les premiers échanges humains à travers l’Asie.

 

Caravansérails de la Route de la SoieCaravansérail iranien construit sur la Route de la Soie

 

Les Caravansérails de la Route de la Soie

Depuis des millénaires, des caravansérails ont été construits à travers tout l’Iran. Certains ont entièrement disparu au fil du temps, tandis que ceux édifiés à l’époque de l’Empire safavide sont restés debout, préservant ainsi une partie de l’histoire.

Le nombre de caravansérails en Iran est directement lié au passage de la Route de la Soie à travers de nombreuses villes iraniennes. Longue d’environ 8 000 kilomètres, cette route fut le plus vaste réseau commercial du monde pendant près de 1 700 ans, reliant l’Asie de l’Est, du Sud et de l’Ouest à l’Europe de l’Est et à l’Afrique du Nord.

Partant de Chine pour atteindre la mer Méditerranée, la Route de la Soie traversait plusieurs provinces et villes d’Iran comme Masshad , Kerman , Yazd , Ispahan , Tabriz , Zanjan , Qazvin , …, favorisant l’édification des célèbres caravansérails iraniens qui jalonnaient son tracé.

Cette voie de communication, que nous appelons aujourd’hui la Route de la Soie, était connue et empruntée depuis la plus haute antiquité. Entre 4 000 et 6 000 ans avant notre ère, les peuples vivant le long du Sahara occidental et du désert égyptien importaient déjà des animaux domestiqués via ce réseau d’échanges.

Bien avant l’essor des pharaons, vers 7 000 ans avant J.-C., des animaux domestiqués et de la poterie venus d’Asie du Sud-Ouest étaient acheminés jusqu’en Égypte par cette route. Sous l’Empire sassanide, le commerce qui y transitait, ainsi que la perception de droits de douane auprès des marchands, constituaient l’une des principales sources de revenus. Les commerçants iraniens exportaient notamment du miel, des herbes, des tapis, des pierres précieuses et des textiles, dont la majeure partie était vendue à des clients chinois. En retour, la Chine exportait vers l’Iran des produits en soie si prisés qu’ils servaient parfois de monnaie d’échange, au même titre que l’or et l’argent.

Il faut toutefois rappeler que, pour les Iraniens, la soie n’était pas le seul enjeu : affaiblir l’Empire romain faisait aussi partie de leurs objectifs. Les Byzantins, bien sûr, ne restèrent pas passifs face à cette politique et cherchèrent à la contrecarrer.

Vers l’an 531, une intense rivalité opposa Iraniens, Byzantins et Turcs pour le contrôle et l’exploitation de la Route de la Soie. Les recherches menées depuis le XIXe siècle par des Européens mirent en évidence l’importance stratégique et commerciale de cette voie ; des fouilles archéologiques révélèrent des artefacts aujourd’hui conservés au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.

Les sources persanes et étrangères de l’Antiquité montrent que l’expression « Route de la Soie » est d’origine occidentale : aucun ouvrage historique ou géographique majeur n’évoque la « Route de la Soie », la « Grande Route de la Soie » ou encore la « Route Al-Harir » (nom arabe).

Autrefois, ces routes caravanières étaient connues sous le nom de « Route Royale ». Plus tard, on les désigna comme les routes « d’Est en Ouest », avant qu’elles ne prennent, à l’époque moderne, le nom qui les a rendues célèbres : la Route de la Soie.

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Que commerçait-on sur la Route de la Soie ?

La variété des marchandises échangées le long de la Route de la Soie était impressionnante. Voici quelques-uns des produits les plus importants qui circulaient sur cet immense réseau commercial :

Biens exportés de l’Est vers l’Ouest :
Soie, or, bronze, pierres précieuses, porcelaine, denrées alimentaires telles que les épices et le riz, ivoire, papier et poudre à canon.

Biens exportés de l’Ouest vers l’Est :
Or et argent, armes et armures, tapis, couvertures, rideaux, animaux (notamment chevaux et chiens), raisins, selles de cheval et esclaves.

 

 

Carte de la Route de la Soie

Partant des villes côtières de la Chine orientale, la grande Route de la Soie se divisait en deux branches – nord et sud – afin d’éviter la traversée des vastes déserts du centre de la Chine. Elle débutait à la Porte de Jade et rejoignait Kashgar, en passant par Turfan pour la Route du Nord, et par Khotan pour la Route du Sud, avant de poursuivre vers Samarcande, puis de Samarcande à Merv et Balkh.
L’apogée des échanges commerciaux entre le nord de l’Iran et la Chine fut atteinte sous l’Empire sassanide. Durant cette période, l’Iran produisait divers types de papier, tout en important de Chine du papier et de la soie.

En Iran, l’axe est-ouest de la Route de la Soie pénétrait dans l’actuel Khorasan, puis rejoignait l’ancienne ville de Rey en traversant Toos, Neyshabur, Sabzevar, Shahroud, Damghan et Semnan. Depuis Rey ou Qazvin – points névralgiques du réseau – elle se scindait en deux directions :

  • Vers le nord-ouest : Qazvin, Sarab, Tabriz, Marand, Khoy, puis sortie du territoire.
  • Vers l’ouest : Rey ou Qazvin, Ekbatana (Hamadan), Kermanshah, puis sortie du territoire.

 

carte de la route de l a soie
carte de la route de la soie

 

Cet itinéraire principal est attesté par d’importantes sources historiques et reconnu par des références mondiales telles que l’UNESCO. Aujourd’hui, la restauration et la mise en valeur de la Route de la Soie, ainsi que des vestiges monumentaux qui l’accompagnent, constituent un attrait majeur pour les visiteurs.
Enfin, il convient de souligner que l’Iran est le seul pays où la route terrestre de la soie croisait une voie maritime, grâce au golfe Persique.

 

 

Faits sur la Route de la Soie

  • Une route qui n’en est pas vraiment une : La Route de la Soie n’était pas une voie unique, mais un vaste réseau de routes commerciales reliant l’Est et l’Ouest.
  • Les chameaux de Bactriane : Parmi les animaux les plus utilisés pour le transport terrestre, on trouvait les chameaux de Bactriane, domestiqués depuis l’Antiquité. Robustes, résistants au froid, à la sécheresse et aux hautes altitudes, ils étaient idéaux pour les longues caravanes d’Asie centrale.
  • Bien plus que de la soie : Contrairement à ce que son nom laisse croire, la soie n’était pas le seul produit important. Les échanges incluaient la porcelaine, le thé, les épices, les pierres précieuses, les parfums, l’ivoire, le corail, la poudre à canon, les perles de verre et les fourrures.
  • Une route de 6 400 kilomètres : La distance totale de ce réseau commercial était impressionnante, reliant la Chine à l’Europe à travers l’Asie.
  • Ce que l’Europe apportait en échange : Les Européens échangeaient des produits tels que la laine, les animaux, les esclaves, le jade, le vin et le verre coloré.
  • La soie, un trésor léger : Jadis presque aussi précieuse que l’or, la soie était idéale pour l’exportation : légère, compacte et à forte valeur. On la transportait brute, teinte en rouleaux, ou sous forme de vêtements, tapis, broderies et tapisseries.
  • Les épices, deuxième produit phare : Le poivre, le gingembre, la muscade, les clous de girofle, le cumin, le safran, le macis et la cannelle figuraient parmi les marchandises les plus recherchées.
  • D’autres animaux de transport : Outre les chameaux, les commerçants utilisaient chevaux et yaks pour transporter leurs biens.
  • Samarcande, joyau de la route : Située à un carrefour stratégique, Samarcande accueillait poètes, artisans et astronomes. Réputée pour son aqueduc, elle fournissait en eau près de 200 000 habitants.
  • Des relais commerciaux : Rares étaient les marchands parcourant toute la route. Les échanges se faisaient souvent de ville en ville, chaque commerçant passant ses marchandises au suivant jusqu’à leur arrivée en Europe.
  • Des caravanes protégées : Les caravanes étaient généralement bien gardées, car les routes étaient menacées par des bandits. Voyager sans protection représentait un risque majeur.
  • La peste noire : L’Europe, frappée par la peste noire au XIVᵉ siècle, compta des millions de morts. Beaucoup pensaient que la maladie s’était propagée par la Route de la Soie.• Il existe une route moderne appelée « la Nouvelle Route de la Soie ». Cette voie ferrée relie la Russie, la Mongolie, le Kazakhstan et la Chine.
  • la Nouvelle Route de la Soie : Il existe aujourd’hui une voie moderne appelée « la Nouvelle Route de la Soie », un réseau ferroviaire reliant la Russie, la Mongolie, le Kazakhstan et la Chine.
  • L’ancienne Route de la Soie commençait à Chang’an — aujourd’hui Xi’an — et s’étendait jusqu’à la mer Méditerranée. Elle traversait des chaînes de montagnes, des déserts et comportait également des routes maritimes.
  • La Grande Muraille de Chine a été renforcée et étendue sous la dynastie Han afin d’assurer une meilleure protection des échanges commerciaux.
  • La Route de la Soie était composée de plusieurs itinéraires : l’un, plus long mais plus sûr ; l’autre, plus court mais plus dangereux.
  • C’est sous la dynastie Tang que cette route connut son plus grand développement et sa plus grande utilisation.
  • Le papier figurait parmi les marchandises les plus précieuses échangées. Il devint le principal matériau d’écriture en Eurasie, exerçant un impact historique bien plus profond que la soie elle-même.
  • À l’époque de son utilisation, cette voie commerciale ne portait pas le nom de « Route de la Soie » : chaque tronçon portait un nom lié à la ville voisine.
  • L’expression « Route de la Soie » fut inventée en 1877 par le géographe Ferdinand von Richthofen. En réalisant une carte détaillée de la Chine, il traça une ligne reliant l’Empire du Milieu à l’Europe et baptisa cet itinéraire « Route de la Soie ».

 

Marco Polo

Marco Polo (1254-1324) est sans doute le plus célèbre Occidental à avoir voyagé sur la Route de la Soie. Il surpassa tous les autres explorateurs par sa détermination, ses écrits détaillés et son influence durable. Son périple à travers l’Asie dura 24 ans, le menant plus loin que tous ses prédécesseurs — au-delà de la Mongolie, jusqu’en Chine. Il devint un proche confident de Kublai Khan (1214-1294), parcourut toute la Chine, puis revint raconter son incroyable aventure, qui devint l’un des plus grands récits de voyage de l’histoire.

Cet itinéraire principal a été confirmé par d’importantes sources historiques et par des organismes mondiaux tels que l’UNESCO. Aujourd’hui, la restauration et la valorisation de la Route de la Soie ainsi que la préservation des monuments anciens qui l’entourent suscitent un grand intérêt auprès des visiteurs. Fait notable, l’Iran est le seul pays où la Route de la Soie terrestre rencontre la voie maritime, au niveau du Golfe Persique.

Marco Polo, route de la soie

 

La fin du commerce sur la Route de la Soie

Le commerce sur la Route de la Soie a été florissant entre 130 avant J.-C. et 1453 après J.-C., cette route étant alors considérée comme la plus importante voie commerciale au monde. Cependant, avec les progrès réalisés par les pays occidentaux dans la production industrielle et technologique, ainsi que des changements majeurs comme la production de soie en Europe et les évolutions politiques dans différentes régions, le commerce sur la Route de la Soie a peu à peu décliné. Finalement, à la fin du 14ᵉ siècle, le commerce sur cette route prit fin, notamment à cause de l’ordre de la dynastie Ming d’interrompre les échanges commerciaux, couplé à une baisse de la demande européenne en soie.